Intervention de Gérard Longuet

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2014 à 15h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 20 et 21 mars 2014

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

Monsieur le ministre, pour ma part, je commencerai par vous remercier. Bien que n'ayant pas entendu l'intervention initiale de mon collègue et ami Aymeri de Montesquiou, je peux affirmer que je partage, dans ses grandes lignes, son analyse. Aussi, je me réjouis de votre réponse.

Je tiens ensuite à formuler deux voeux.

Premièrement, concernant l'Ukraine, je souligne à mon tour que l'accord du 21 février n'était pas mauvais. Les manifestants l'ont refusé, puis la Rada l'a remis en cause. Toutefois, nous - je dis « nous », car c'est bien le triangle de Weimar, c'est-à-dire la Pologne, l'Allemagne et la France, qui était à la manoeuvre - n'avons pas à rougir d'une attitude qui était prudente et réfléchie.

Même si la déclaration de Poutine peut apparaître comme une provocation au regard de l'ordre international établi, nous devons mener une politique de long terme et de compréhension mutuelle avec la Russie. C'est là une nécessité, eu égard aux raisons qui ont été évoquées, y compris par vous-même, monsieur le ministre. La France ne doit pas surenchérir face à des menaces qui sont, au reste, parfaitement virtuelles et pour lesquelles personne ne s'engagera véritablement !

Deuxièmement, vous avez évoqué la transition énergétique. Sur ce point, je suis en complet désaccord avec mon collègue écologiste. J'écoute toujours avec beaucoup d'attention et d'intérêt les interventions de M. Gattolin, mais il faut souligner que le CO2 d'origine anthropique ne contribue pas même pour 2 % à l'effet de serre. Celui-ci est essentiellement dû à l'évaporation océanique. Jusqu'à nouvel ordre, il n'est pas prévu de l'interdire ! Le CO2 ne représente que 10 % de l'effet de serre et le CO2 anthropique représente, lui-même, tout au plus 10 % de cette part. Étant donné la situation financière que subissent actuellement les États européens, et la France en particulier, la priorité n'est pas d'aller combattre un tigre de papier !

En revanche, nous devons nous poser la question suivante : jusqu'où pousser les compromis relatifs au mix énergétique ? Je l'indique tout en étant, de conviction, très européen. Plus précisément, pourquoi priver notre pays d'un avantage évident, à savoir la maîtrise et l'acceptation du nucléaire, au motif que d'autres États récusent actuellement cette énergie, pour des raisons que je respecte mais qui sont parfaitement idéologiques ? Il n'y a aucune nécessité de s'aligner sur ces positions. D'une part - je l'ai dit tout à l'heure en souriant -, sur le plan écologique, ces choix énergétiques engendrent de forts rejets de CO2. D'autre part, sur le plan économique, ils sont désavantageux pour l'Europe tout entière, et en particulier pour notre pays.

Monsieur le ministre, lors de ce Conseil européen, vous représenterez le Gouvernement et donc les intérêts de notre pays. Je vous assure qu'il n'y a, pour la France, aucune nécessité de prendre la tête des pourfendeurs du CO2. Vous l'avez vous-même rappelé, l'Europe ne représente que 11 % des émissions de dioxyde de carbone et, je le répète, le CO2 anthropique ne constitue qu'une petite minorité d'une petite minorité ! À moins que les crédits soient illimités - ce n'est pas le sentiment que m'inspire l'état des finances publiques -, consacrons-les aux actions les plus utiles !

Je conclurai, concernant la Russie, par un souvenir historique. Nous fêterons cette année, en juin, le centenaire de la consolidation, par Raymond Poincaré, qui fut aussi sénateur de la Meuse, de l'entente franco-russe. L'entente franco-russe, c'est tout de même mieux que le pacte germano-soviétique ! Cette alliance a sauvé la France, alors que le pacte germano-soviétique a déclenché la Seconde Guerre mondiale !

Je suis donc convaincu qu'il faut conserver, à l'égard de la Russie, une attitude positive et constructive.

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