Intervention de Aymeri de Montesquiou

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2014 à 15h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 20 et 21 mars 2014

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

Cette discussion portait sur les massacres causés par les snipers. Y était notamment évoqué le témoignage d'une femme médecin, Olga Bogomolets, indiquant que ces tireurs sévissaient dans les deux camps ! En France, la presse et la télévision se contentent d'accabler les « méchants », qui sont du côté du président Ianoukovitch, un personnage que, au demeurant, personne ne respecte. Là seraient les seuls coupables... Or tel n'est sans doute pas le cas.

Mme Asthon et M. Paet sont deux personnalités officielles. Qui plus est, l'Estonie est plus proche de l'Ukraine que la France, elle est immédiatement concernée par cette question : souvenons-nous que les territoires de l'Ukraine et de l'Estonie actuelles ont jadis appartenu à l'union polono-lituanienne ! Évitons tout manichéisme.

Parallèlement, nous le savons tous en tant qu'élus, le facteur affectif est essentiel en politique. Il l'est tout particulièrement pour les Russes. La Crimée a tout de même été russe pendant trois cents ans ! En 1954, personne n'a demandé à ses habitants s'ils souhaitaient devenir Ukrainiens !

Certes, le référendum a été organisé à la hâte, sans observateurs internationaux. Mais le « oui » a réuni 96 % des suffrages ! Même si les résultats sont biaisés, ils traduisent une réalité : une immense majorité de la population de Crimée souhaite le rattachement à la Russie. Il faut en tenir compte ! La question se pose également à Donetsk, ainsi qu'à Rakov, qui est un lieu saint pour les Russes. Les grandes batailles de chars, opposant la Russie à l'envahisseur allemand, ont eu lieu en Ukraine.

On ne peut pas faire de la politique et rechercher la stabilité sans faire preuve de réalisme. Prendre en compte l'histoire, mais aussi l'économie, c'est faire preuve de réalisme. Comment l'Ukraine pourrait-elle survivre aujourd'hui économiquement sans la Russie ? L'Europe a proposé de se substituer à la Russie avec quelque argent. Toutefois, les besoins de l'Ukraine sont tels, comparés à ceux de la Grèce, que je ne vois pas très bien comment nous pourrions faire face. Faisons donc preuve de réalisme !

La proposition que j'ai faite tout à l'heure ne me semble pas inintéressante. Compte tenu de l'hétérogénéité du pays, pourquoi l'Ukraine ne serait-elle pas un État fédéral ?

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