Il est tout à fait pertinent de s'intéresser à cette partie du monde en bordure de l'Union européenne. Au-delà des aspects économiques, les accords de libre-échange ont une implication politique forte. Comme Pascal Lamy ne manque pas de le rappeler, les relations commerciales favorisent le dialogue et limitent les affrontements. Je souhaite que le cycle de Doha trouve une heureuse conclusion à Bali. À défaut, l'addition d'accords bilatéraux à l'image de ceux noués avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée finira par conduire au multilatéralisme.
Nous avons eu de vifs débats ici sur l'Union pour la Méditerranée (UpM), en particulier avec Robert Badinter. Lorsque la France a pris la présidence de l'Union européenne et qu'elle a remis le projet sur les rails, elle était assez isolée et nos voisins allemands étaient critiques. La méthode française était peut-être hardie, mais nous étions alors en avance dans notre perception des choses, même si nous n'avons pas plus anticipé le printemps arabe que la chute du mur de Berlin. Je souhaiterais que le point 17 de la proposition de résolution souligne d'ailleurs l'implication de la France dans l'UpM.
Pour revenir au Bassin méditerranéen, je ne comprends pas que de nouveaux chapitres d'adhésion aient été ouverts avec la Turquie - où je me suis rendu récemment en voyage officiel - alors qu'elle n'a toujours pas reconnu Chypre, membre de l'Union européenne. En revanche, la position géographique de la Turquie la rend très importante pour faire l'UpM. Elle peut y jouer un grand rôle, sans que ce soit naturellement un substitut aux négociations avec l'Union. Si nous rations ce projet, nous déstabiliserions le sud du continent européen.