Intervention de Mircea-Dan Geoanã

Commission des affaires européennes — Réunion du 15 février 2011 : 1ère réunion
Rencontre avec le président du sénat de roumanie réunion ouverte à la presse

Mircea-Dan Geoanã :

La Roumanie a engagé ces derniers jours des actions très fortes pour combattre la corruption dans les douanes. Cela témoigne de la volonté de l'État d'agir pour lutter contre ce fléau. Nous sommes ouverts à des mesures pour renforcer la formation des garde-frontières et développer les coopérations. Mais cela ne doit pas aboutir à une sorte de gestion déléguée des frontières qui apparaîtrait comme un abandon de notre souveraineté. La Bulgarie a elle-même passé un contrat avec une entreprise anglaise pour la gestion de ses douanes ; les résultats semblent positifs. Même si ce pays connaît actuellement des difficultés spécifiques dans la gestion de ses frontières terrestres avec la Turquie, la Roumanie entend rester solidaire.

Pour les Roms, je suis favorable à une stratégie qui combine plusieurs niveaux complémentaires. Nous avons besoin d'une stratégie nationale, mais qui doit être en synergie avec la stratégie européenne. La présidence hongroise a prévu d'organiser un sommet sur ce sujet au mois d'avril. Je pense qu'un juste équilibre pourra être trouvé.

La délivrance de passeports hongrois n'a pas suscité une émotion publique forte à la différence de ce qui s'est passé en Slovaquie où le sujet a été très débattu. Cette différence me paraît s'expliquer par la participation au gouvernement roumain d'un parti qui représente la minorité hongroise. Même si la double affinité peut créer un problème, ce sujet a été traité avec sagesse. D'ailleurs, la Roumanie a elle-même adopté cette formule pour les citoyens de la République de Moldova.

La voie naturelle de l'immigration en provenance du Moyen-Orient ne passe pas par la Roumanie mais par les Balkans occidentaux. Le problème pour la Roumanie résulte d'une immigration en provenance des anciens États de l'Union soviétique. C'est une immigration moins massive mais peut-être plus dangereuse en ce qui concerne les trafics de produits clandestins et le proxénétisme. C'est donc l'intérêt de la Roumanie de disposer des ressources les plus modernes pour protéger ses frontières.

La Turquie a une politique étrangère qui comporte plusieurs dimensions. Ce pays a retrouvé un nouvel élan qui est soutenu par la reconfiguration de l'espace international. Sa croissance économique est très dynamique et ses relations sont tournées vers l'Asie centrale et le Moyen-Orient. L'hésitation européenne est perçue clairement en Turquie, qui constate que si des référendums sur l'adhésion étaient organisés dans les actuels États membres, ils aboutiraient sans doute à un échec. La Turquie ne veut donc pas s'enfermer dans un schéma.

D'une manière générale, nous devons aborder avec espoir et vigilance la démocratisation du monde islamique. Il y a un risque d'arrivée au pouvoir de forces islamistes qui, ensuite, le conserveraient.

La force de la relation historique entre la France et la Roumanie a conduit les Roumains à la considérer comme allant de soi. Or, cela a été une erreur de ne pas investir dans la communication publique en direction des jeunes générations qui, en France, doivent mieux percevoir la réalité de ces relations historiques entre nos deux pays.

L'Ukraine est le pays voisin le plus important de la Roumanie. Elle exerce aussi une influence sur la Moldavie. Avec le changement de gouvernement, la politique ukrainienne s'est rééquilibrée entre l'est et l'ouest. Le succès du traité de libre-échange et de la feuille de route sur les documents de voyage constituera un enjeu important.

Sur les perspectives budgétaires et sur la politique agricole commune, je veux rappeler que nous devons disposer des moyens nécessaires pour continuer à investir. Dans le même temps, il faut prendre en compte ce qui n'a pas marché pour certains pays dans la mise en oeuvre de la politique agricole commune. La Roumanie compte 35 % de sa population qui vit à la campagne. Faut-il se fixer pour objectif de réduire cette population à 4 ou 5 %, comme ailleurs, ou au contraire raisonner en termes d'équilibre territorial, de respect de l'environnement et de préservation de nos racines et traditions ?

Il y a un décalage énorme entre la situation des régions roumaines et les régions développées de l'Union européenne, à la seule exception de la région de Bucarest. C'est pourquoi nous avons un besoin très fort du soutien des fonds européens.

Il y a aussi une très forte polarisation au niveau infrarégional, ce qui justifie la poursuite de la politique de rattrapage. La Roumanie se caractérise par la faiblesse de sa classe moyenne et par le fait qu'une très grande partie de sa population est démunie.

La Roumanie n'a pas encore de position sur les régions intermédiaires, mais le débat ne fait que commencer. Nous prendrons connaissance avec intérêt du rapport établi sur ce sujet par le Sénat français.

La Roumanie est aussi étendue que la Grande-Bretagne. Elle dispose d'une partie montagneuse importante en différents points de son territoire. Nous avons besoin aussi de financements dans ce domaine, notamment pour développer des infrastructures.

La mer Noire constitue avec la mer Caspienne et la Méditerranée un espace géopolitique qui sera un enjeu décisif au cours de ce siècle. Ce n'est pas une simple zone du partenariat oriental. La Roumanie est aussi très concernée par les conflits qui se sont déroulés dans cette région.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion