Monsieur Barnier, je reconnais volontiers que vous êtes le plus régulateur des commissaires européens. Quand je vous écoute, j'ai envie de me laisser convaincre, alors que je suis de gauche et attachée à la régulation. Mais pourquoi les citoyens européens ne nous croient-ils pas régulateurs ? Pourquoi avons-nous laissé filer la crise de l'euro, laissé foudroyer les Grecs ? Il y a là un retard au démarrage, un manque d'anticipation ou un décalage de l'analyse qui est fatal à l'idée que nos concitoyens se font de l'Europe. Je suis troublée de ce fossé entre votre discours et ce que l'on ressent sur le terrain. Ce que vous dites est juste, mais vous avez plusieurs années de retard. Et les valeureux parlementaires européens qui, comme Jean-Paul Gauzès et Pervenche Bérès, défendent depuis longtemps une conception régulatrice de l'Union européenne n'ont pas été entendus. Comment l'expliquer ?
Ma circonscription est située à proximité de la raffinerie de Petroplus, dont l'histoire illustre l'idée - au-delà des tables rondes sur le raffinage organisées par le commissaire Oettinger - qu'il vaut mieux raffiner le pétrole dans des pays tiers, appliquant d'autres normes sociales et environnementales que les nôtres, et le laisser en dépôt en France. Mais nos citoyens veulent savoir où nous en sommes s'agissant de ces normes.