Je vous remercie de cette invitation et suis heureux de dialoguer avec vous - en un Sénat où j'ai siégé deux ans - sur ce que je crois et ce que je fais depuis maintenant à peine un an.
La Commission est une institution originale ; elle joue, collégialement, le rôle d'un personnage qui n'existe pas, celui du Premier ministre européen : à ce titre, elle fait des propositions, met en oeuvre des législations, évalue, propose des budgets mais, à une exception près - celle de la concurrence -, elle ne fait que des propositions. Elle les fait à ceux qui décident, c'est-à-dire le Conseil des ministres et le Parlement européen. Le traité de Lisbonne a renforcé le rôle des parlements nationaux et, c'est dans cette optique que je visite chaque semaine une capitale et y rencontre les ministres mais aussi les parlementaires. C'est pourquoi, après avoir visité le Parlement grec la semaine dernière, je suis très heureux de venir devant vous.
Je me suis permis de vous faire distribuer un petit dossier où vous trouverez les collaborateurs de mon cabinet, de cinq nationalités différentes. Chacun s'occupe d'une partie de mon portefeuille et suit le portefeuille de quatre ou cinq autres commissaires, puisque chacun de ceux-ci peut intervenir dans le domaine de ses 26 collègues. Ce dossier comprend également une fiche récapitulant mes missions de commissaire au marché intérieur et aux services. C'est la première fois depuis soixante ans qu'un Français est nommé à ce poste et, notons-le, ma nomination a suscité un certain émoi, notamment dans la presse britannique, alors que c'est plutôt cette longue absence qui aurait dû inquiéter. Un Français et non la France, car j'assume cette responsabilité en toute indépendance et dans le souci de l'intérêt général.
J'ai joint à ce dossier deux petits livrets, dont l'un a été envoyé en 23 langues à tous les parlements nationaux ; ils portent sur l'Acte pour le marché unique et sur l'Agenda de la régulation financière.
Je suis venu vous exposer la double stratégie qui est la mienne et c'est pour l'appliquer que j'ai choisi de revenir à Bruxelles.
D'abord, nous devons tirer toutes les leçons de la crise financière, provoquée par vingt ans d'ultralibéralisme, c'est-à-dire d'une caricature de libéralisme, où l'idéologie dominante a été celle de l'autorégulation des marchés à laquelle je ne crois pas.