Je reviens sur votre propos sur le fédéralisme présenté comme une volonté unioniste alors qu'il ne s'agit pas pour tous d'aller vers une intégration totale ! Le principe du fédéralisme, c'est le partage des compétences. Je ne souhaite pas qu'on laisse s'introduire la confusion entre fédéralisme et fusion totale. Être pour le marché unique, c'est être fédéraliste. De toute manière, tous les pays fédéraux ne placent pas au même endroit la ligne de partage entre compétences fédérales et compétences laissées aux États.
En matière de politique sociale, il y a des éléments qui relèvent de la politique des États-nations. Alors l'Union pose des cadres, mais ce ne sont que des cadres, les États membres restent libres.
On comprend que la Grande-Bretagne n'est pas favorable à l'approfondissement, mais elle est toujours enthousiaste pour l'élargissement. Alors quid de la question de l'Ukraine ? Nous leur proposons un accord d'association mais ils veulent l'intégration. On leur propose un projet économique, ils demandent un projet politique. Comment leur répondre ?
Enfin, quelle est la position de votre pays sur la coopération renforcée en matière de défense ?
S. Exc. M. Peter Ricketts, ambassadeur du Royaume-Uni en France. - Nous ne dénigrons pas le fédéralisme mais nous ne voulons pas être intégrés dans un système fédéral. Pour nous, il est clair que nous sommes entrés dans un « common market ». Voilà le projet ! Et nous gardons le bon principe de la subsidiarité. Je dirai, comme nos amis néerlandais : « National où c'est possible, Européen où c'est nécessaire ». L'« Union plus étroite » conduit à un « super État », selon nous.
Nous n'allons pas élargir l'Union européenne dans les années à venir. L'élargissement à l'Est est un grand succès mais sur la question du Partenariat oriental, on ne veut pas fermer la porte à l'Ukraine. Marché unique et élargissement sont les deux succès phares de la construction européenne.
Il existe une excellente coopération en matière de défense. Pour les opérations difficiles, nous les faisons avec vous. Il ne faut pas espérer lancer de vrais combats sous le drapeau européen. Les missions européennes ne sont pas des missions de combat, mais de soutien et d'appui. Pour les combats sérieux comme la Libye, il fallait que nous soyons ensemble.
Oui, mais tout cela coûte très cher et la question qui se pose, c'est la nécessité de faire contribuer les autres États européens. Je dirai la même chose de la surveillance de l'espace : France et Allemagne se partagent la facture !
S. Exc. M. Peter Ricketts, ambassadeur du Royaume-Uni en France. - Nous sommes avec la France les deux plus gros budgets militaires européens, mais nous avons du mal à envisager de faire payer à d'autres notre effort de défense. Depuis 1998 à Saint-Malo, nous avons essayé et nous n'avons pas eu de succès.