Merci de vos remarques. Dans les négociations avec les pays tiers, Malte a une position d'honest broker : nous avons le grand avantage d'être le plus petit pays de l'Union européenne. Nous n'avons pas d'agenda caché, ni d'intérêts particuliers, et défendons les intérêts de l'Union européenne en général. Malte a été historiquement un lieu de rencontre, de dialogue et de négociation pendant plusieurs siècles, et nous nous réjouissons de continuer ce rôle à la présidence de l'Union européenne. Cela vaut pour les questions de voisinage, notamment oriental : nous ne sacrifions pas notre propre intérêt au détriment du voisinage oriental. Nous poursuivons les discussions avec nos partenaires européens et le SEAE pour pousser les sujets de la meilleure manière possible. La présidence maltaise est la dernière présidence méridionale du Conseil avant longtemps... Nos partenaires méridionaux sont importants. Nous partageons de nombreuses positions avec la France sur les questions méditerranéennes et sécuritaires. Nous tâcherons de progresser autant que possible durant les six mois de notre présidence.
Six mois est un délai un peu court pour transformer le Bureau d'appui à l'asile - abrité à Malte - en une vraie agence européenne, mais nous sommes ambitieux et comptons enregistrer un succès. Le statut de Frontex s'est transformé dans une brève période de sa vie. Avec la bonne volonté de tous, nous arriverons à transformer le Bureau de soutien en une agence européenne, nécessaire aujourd'hui pour traiter l'asile. C'est aussi une demande de nos concitoyens. La transformation de cette agence sera une étape importante de ce processus.
La déclaration unanime des chefs d'État et de gouvernement sur la distribution de la charge migratoire lors du sommet de Malte le 3 février est une étape très importante. Ils ont mis l'accent sur un phénomène attendu mais pas encore prévenu. Grâce à l'accord avec la Turquie, tant bien que mal, la route orientale des migrations a été stoppée. Il est fort probable que la Méditerranée centrale redevienne la principale voie de migration. Les chefs d'État et de gouvernement européens sont conscients de ce problème. Nous avons pu trouver cet accord unanime sans délai normal, ce qui est un signal fort de notre détermination. La situation libyenne diffère de la situation turque, mais ce n'est pas une excuse pour ne rien faire. Il y a des choses à faire. Nous sommes confiants, nous arriverons à traiter le problème.
Nous sommes déterminés à tarir les flux migratoires dès leur source. Cela fut le grand objectif du sommet de novembre 2015 à Malte, la première fois où les chefs d'État et de gouvernement européens ont rencontré leurs homologues africains, enclenchant le fameux « Migration Compact », accord entre l'Union et les pays africains individuellement, qui prévoit que l'Union investit dans ces pays en échange d'une réduction des flux migratoires. La semaine dernière à Malte, une réunion de hauts fonctionnaires pour le suivi de ce sommet UE-Afrique a constaté les progrès de ces quatorze mois. Il y a des signaux positifs augurant des résultats ultérieurs.
La lutte contre le dumping social est effectivement une question très délicate. Les points de vue diffèrent. Nous avons la position d'un honest broker, portant les discussions au sein du Conseil sans avantager ni un côté ni l'autre. Nous sommes neutres et indépendants.
L'accord entre l'Union et la Turquie porte sur les questions migratoires et doit être encore peaufiné, notamment sur le volet humanitaire. Nous essayons de continuer nos discussions. Les chefs d'État et de gouvernement européens ont souligné l'importance de travailler étroitement avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l'Institut de l'immigration, afin que nos travaux sur l'immigration et la sécurité soient compatibles avec une perspective humanitaire.
Il nous est difficile de comprendre le concept de solidarité flexible. Soit il y a de la solidarité, soit il n'y en a pas. Ce n'est pas possible de choisir la solidarité, trouvons le bon mécanisme pour que cela marche, sans utiliser ce terme, difficile à expliquer.
Je n'ai pas mentionné le plan Juncker car les travaux sont en cours. Nous sommes conscients des bénéfices obtenus et continuerons ces travaux.
Bien que la proposition d'un parquet européen fasse consensus entre les États membres, se posent des questions de répartition de compétences entre les États-membres et le niveau communautaire, de subsidiarité. Quelques membres, dont Malte, hésitent. Nous sommes attachés à la subsidiarité. Nous soutenons l'approche de la coopération renforcée, manière pratique et pragmatique pour que plusieurs pays puissent aller de l'avant dans une coopération sans obliger d'autres membres de l'Union. Je me souviens notamment, il y a quelques années, de la coopération renforcée sur l'Office européen des brevets (EU Patent Office).
Je n'ai pas plus de précisions sur la conférence européenne LGBTQ, mais je vous transmettrai des informations après cette réunion.