Intervention de Michel Billout

Commission des affaires européennes — Réunion du 18 avril 2013 : 1ère réunion
Institutions européennes — Point d'actualité sur la situation en hongrie présenté par m. bernard piras

Photo de Michel BilloutMichel Billout :

Je partage malheureusement l'analyse de M. Piras sur la situation en Hongrie. La situation économique ne cesse de se dégrader, les comportements xénophobes vis-à-vis de la communauté Rom se développent, notamment au travers de dispositions sur le travail obligatoire. « Tziganes » et « Hongrois » ne sont pas traités de la même façon.

Cela est d'autant plus regrettable qu'après 1989, la Hongrie était un excellent élève de la transition vers le libéralisme : elle a été le premier pays européen à s'y engager avec ferveur, privatisant peut-être un peu brutalement ses entreprises... Viktor Orban se targue aujourd'hui de remettre de l'ordre et considère que les entreprises étrangères ont fait suffisamment de profits pour que l'État reprenne la main. Le débat serait intéressant si le Fidesz ne suivait la voie d'un parti unique. Avec les deux tiers de la majorité au Parlement, il fait voter ce qu'il veut, dans des conditions contestables : en être déjà au quatrième amendement d'une jeune constitution rédigée sans assemblée constituante montre dans quelles conditions on légifère en Hongrie.

Le Conseil de l'Europe doit faire preuve de fermeté, de même que les institutions européennes : on sent que les institutions n'ont pas prévu d'affronter ce genre de situation. D'autres réactions politiques font défaut, notamment au sein du parti populaire européen (PPE) dont Viktor Orban est vice-président. Il y a là un manque de courage regrettable, car il faudrait aider la Hongrie à se replacer sur des rails européens. Cependant, soyons prudents et évitons d'isoler la Hongrie. Lors de la reconstitution du groupe d'amitié France-Hongrie, j'ai déploré de nombreuses défections. Or, nous avons tout intérêt à maintenir un lien fort avec les Hongrois et leur représentation nationale - issue des urnes.

Le Fidesz est un parti très composite. Faisons passer des messages ! Viktor Orban tente de ne pas se laisser déborder par son extrême droite, le très influent parti Jobbik, ce qui donne des résultats législatifs souvent nauséabonds. À gauche, l'opposition a du mal à se reconstituer après la faillite du parti socialiste hongrois, victime des mensonges du premier ministre de l'époque. Nous pouvons aider à reconstituer le jeu démocratique et c'est dans cette optique que j'ai rétabli le groupe d'amitié. Dès l'adoption du quatrième amendement, nous avons dénoncé la situation, reçu des opposants, des journalistes qui ne peuvent plus travailler, parfois issus de la télévision publique. Nous organisons un colloque le 30 mai sur la situation économique, les valeurs européennes et l'évolution constitutionnelle en Hongrie. J'invite Bernard Piras à participer à nos débats.

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