Lénine disait que là où il y a la volonté il y a un chemin. Je ne suis pas sûr que cela s'applique à l'Union européenne, en particulier en matière de politique industrielle. Si la volonté existe sans doute, le chemin est lui plus tortueux... Il y a quelques années, la Commission européenne a mené une politique absurde de lutte contre les grands groupes industriels. Or les grands groupes constituent des vecteurs pour les petites et moyennes entreprises. Prenons le cas de l'Italie où les entreprises, grandes et petites, travaillent en meute et finissent par exporter plus que les sociétés allemandes.
Je reste sceptique sur l'objectif affiché par la Commission européenne de faire passer la part de l'industrie dans le PIB européen à 20 %. Elle atteint par exemple 13 % en France, ce qui reviendrait à augmenter de 40 % sa contribution à la richesse nationale. L'objectif de la Commission suppose une coopération entre les PME des États membres qui me semble aujourd'hui délicate à mettre en oeuvre. Il s'agit de créer des synapses pour permettre de véritables échanges d'information et définir des objectifs communs. Il convient également de tenir compte du fait qu'il n'existe pas de spécialité industrielle européenne. Certains pays, je pense notamment à l'Europe du Nord, disposent de filières propres liées à leur situation géographique. Mais ce raisonnement ne saurait être étendu à l'ensemble du continent. L'absence d'harmonisation des conditions sociales et fiscales ne facilitent pas non plus un rapprochement. Les pratiques de dumping empêchent toute coordination.
Dans ces conditions, la politique industrielle européenne, souhaitée par tout le monde, devrait tarder à se concrétiser.