Intervention de Jacques Delors

Commission des affaires européennes — Réunion du 16 novembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Jacques delOrs réunion ouverte à tous les sénateurs

Jacques Delors :

Au-delà des gouvernements, un grand atout de la France est d'avoir une administration compétente et inventive. Par exemple, il y a une réflexion sur les marchés agricoles mondiaux, avec l'idée de constituer des stocks pour limiter la spéculation. Les cours du coton ont triplé : il y a des raisons objectives, mais la spéculation amplifie les mouvements. Cette réflexion sur les marchés mondiaux me paraît importante.

La France et l'Allemagne profitent certes de la PAC, mais les nouveaux États membres tout autant, sinon plus. Ils ont hérité d'une agriculture retardée et partiellement « soviétisée » : la PAC est une chance pour eux. Je crois essentiel de défendre les principes de base de la PAC : unicité du marché, solidarité financière, politique commerciale commune. Je crois également nécessaire d'agir en faveur de la ruralité, de la cohésion territoriale, du maintien de la biodiversité. D'où, entre autres, la défense des petits agriculteurs.

Je n'emploie pas volontiers le mot de « gouvernance » qui me paraît usé. Le « semestre européen » me paraît une bonne occasion pour aller plus loin dans la coopération.

La Russie face aux Européens, c'est effectivement Horace contre les Curiaces. C'est pourquoi je plaide pour que les Européens décident d'avancer en commun au moins sur quelques points. Je crois que l'OTAN devrait s'interroger plus au fond sur son rôle et son avenir. Je ne suis pas sûr qu'il y ait urgence à aller aujourd'hui vers un dispositif anti-missiles couvrant l'Europe.

Je crois qu'il n'y a eu que trois traités européens réellement utiles : la CECA, le marché commun et l'Acte unique. Les autres n'étaient pas assez lisibles pour être mobilisateurs. Je suis d'accord pour dire que la priorité doit être d'utiliser pleinement les instruments existants, sans activisme technocratique, dans le strict respect du partage des compétences entre l'Union et les États membres. Je ne vois pas pourquoi la Commission a cru devoir aborder la question des retraites, qui est une compétence nationale.

Pour conclure, je dirai que, quelles que soient les inquiétudes actuelles sur l'euro, nous devons être conscients qu'un échec dans ce domaine mettrait en cause l'avenir même du projet européen.

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