Intervention de Sylvie Goulard

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 mars 2011 : 1ère réunion
La réforme de la gouvernance économique européenne et le pacte pour l'euro rencontre avec les membres français du parlement européen en commun avec la commission des affaires européennes de l'assemblée nationale

Sylvie Goulard, députée européenne :

Monsieur Bur, votre remarque est très pertinente. Déjà le rapport Pébereau, en 2005, c'est-à-dire avant la crise, faisait apparaître que les tendances de la dette française étaient insoutenables. Même en redéployant les dépenses - il ne s'agit nullement de faire plaisir à Bruxelles ou à Berlin -, la dette n'est pas soutenable pour nos enfants.

S'agissant de la Grèce, les informations sont contrastées. Ce pays a tout d'abord fait l'objet d'une condamnation quasi générale, puis le Gouvernement grec a pris des mesures redoutablement dures, que l'on peut porter au crédit du peuple grec. Vont-elles suffire à créer un appel d'air ? Je ne suis pas en mesure de le dire. Une note récente de Jean Pisani-Ferry, président du think tank Bruegel, laisse penser que l'on en est toujours au stade de l'analyse du défaut, mais d'autres économistes ont un avis différent. Pour l'instant, la Grèce est à l'abri en termes de besoins de refinancement, ce qui lui permet d'engager des réformes structurelles.

Qu'il soit clair que la France et la Grèce ne sont pas au même niveau. La dette de la Grèce avoisine 155 % de son PIB, tandis que celle de la France se situe entre 85 et 90 %. Il faut admettre qu'il y a eu des dérives et, s'agissant de la Grèce, des manipulations. C'est le message qu'il faut adresser aux peuples qui sont plus respectueux des règles.

Le fait de scinder la dette en deux parties n'est qu'un projet. Nous recherchons une méthode qui permettrait de mettre en commun une partie de la dette pour créer le marché mondial, et qui, en générant de la liquidité, permettrait d'abaisser les taux d'intérêt, sans pour autant creuser l'endettement. Les pays du Nord acceptent à peine d'y réfléchir, ce n'est donc pas pour demain. J'avais simplement à coeur de dire que, dans ce paquet, nous devons à la fois tirer les leçons de la crise, remettre de l'ordre, discipliner les États et ouvrir quelques lucarnes sur l'avenir. Il est important de ne pas renoncer à des projets qui, même s'ils ne sont pas pour demain, pourront se révéler utiles à moyen ou à long terme. Je rappelle que cette méthode n'est qu'une hypothèse et que le travail de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale (CRIS) permet d'ouvrir d'autres pistes.

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