Intervention de Sylvie Goulard

Commission des affaires européennes — Réunion du 30 mars 2011 : 1ère réunion
La réforme de la gouvernance économique européenne et le pacte pour l'euro rencontre avec les membres français du parlement européen en commun avec la commission des affaires européennes de l'assemblée nationale

Sylvie Goulard, députée européenne :

Il s'agit d'un magnifique programme, dont je partage nombre d'orientations. Mais il ne faut pas oublier - on a parfois du mal à l'imaginer à Paris - qu'il y a des sensibilités très diverses en Europe. L'idée de modifier le mandat de la BCE ne remporterait donc qu'un succès mitigé.

Nous avons atteint l'objectif d'inflation, ce qui met à l'abri l'épargne des ménages les plus modestes. Il faut saluer ce que nous avons réussi à faire justement parce que la Banque centrale avait un mandat clair.

Nous avons créé l'année dernière, dans le cadre du paquet « supervision », un Comité européen du risque systémique et un certain nombre d'autorités, dont celles chargées des stress tests. Le Comité européen du risque systémique, censé surveiller la stabilité financière - et non pas seulement la stabilité monétaire - est rattaché à la BCE. Cela devrait aider celle-ci à prendre progressivement en compte d'autres objectifs.

N'oublions pas que les institutions liées à l'euro sont très jeunes, et que l'on pourra d'autant plus les faire évoluer que notre crédibilité sera assise.

La taxe sur les transactions financières a fait l'objet d'un débat et d'un vote au Parlement européen. C'était déjà une bataille en soi que d'envisager son existence au niveau européen. Beaucoup de collègues nous ont opposé l'argument qu'il n'était pas possible de l'instaurer tant que rien n'était fait au niveau mondial. Pour ma part, je le juge fallacieux, même si le risque de délocalisation de nos activités financières doit nous inciter à la vigilance.

J'en viens aux stress tests. Nous avons contribué à renforcer leur efficacité en rendant l'autorité bancaire plus solide et plus indépendante, dans la continuité de ce qui avait été proposé par le groupe de travail piloté par Jacques de Larosière ainsi que par Michel Barnier. La contradiction est cependant évidente : nous voulons qu'ils prennent en compte les scénarios les plus catastrophiques, mais nous savons qu'afficher ces derniers devant les marchés porte atteinte à la crédibilité de nos établissements.

Permettez-moi enfin, en forme de provocation, de demander aux élus ici présents s'ils accepteraient de voir un grand laboratoire quitter leur circonscription pour aller s'installer à Heidelberg, à Cambridge ou à Bologne au nom des intérêts de la recherche européenne. Je n'ai pas le sentiment qu'il y ait tant de volontaires que cela ! Ce n'est pas un reproche, mais il faut en avoir conscience. Sur l'Europe, nous avons souvent tendance à nous contenter de beaux discours. J'avais par exemple suggéré de regrouper à Francfort les autorités de supervision financière, ce qui me semblait nécessaire d'un point de vue global, mais exigeait de faire partir l'Autorité bancaire européenne de Londres et l'Autorité européenne des marchés financiers de Paris. Je dois avouer que ma proposition n'a pas suscité un grand enthousiasme.

Si nous voulons être forts, crédibles et vraiment européens, il faut accepter d'en payer le prix !

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