Intervention de Didier Marie

Commission des affaires européennes — Réunion du 26 mai 2016 à 8h30
Politique étrangère et de défense — Régime de sanctions de l'union européenne à l'encontre de la fédération de russie : proposition de résolution européenne de mm. yves pozzo di borgo et simon sutour

Photo de Didier MarieDidier Marie :

Je remercie les rapporteurs et je salue leur talent d'équilibristes. La Russie s'assoit sur le droit international et remet en cause le principe de l'intangibilité des frontières. M. Poutine, confronté à des difficultés économiques et sociales majeures dans son pays, utilise la politique étrangère et le rêve passé de la grande Russie pour rassembler ses concitoyens. Il mène une politique expansionniste, en bâillonnant toute opposition interne, pour rétablir une zone d'influence politique, économique et militaire autour des frontières russes.

Cette résolution porte sur l'Ukraine, mais on ne peut pas la dissocier de ce qui se passe en Géorgie ou dans le Haut Karabagh, ni même des relations tendues que la Russie entretient avec les pays baltes de l'Union européenne, ou des menaces à peine voilées qu'elle profère contre la Finlande et la Suède. Dans l'affaire de la Crimée, l'Ukraine est l'agressé, l'agresseur, la Russie. Accepter tacitement l'annexion de la Crimée ouvrirait la porte à d'autres annexions de la part de la Russie et validerait toutes les tentations séparatistes en Europe. Il suffit de rappeler les propos du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) sur le Tyrol italien. Faire prévaloir le fait culturel, c'est ouvrir les vannes au fait séparatiste.

On ne peut pas nourrir le débat sur les relations entre l'Union européenne et la Russie par les supposées insuffisances ukrainiennes et les difficultés de politique intérieure. Ces difficultés existent, mais elles ne peuvent justifier le comportement de la Russie au Donbass et encore moins l'annexion de la Crimée. Il reste à se demander si l'ampleur des sanctions était suffisante pour faire reculer la Russie.

Les relations internationales et la diplomatie fonctionnent d'abord sur des rapports de force. En engageant un contre embargo, la Russie s'est installée dans une position dominante. À nous de décider ce qui doit primer : valeurs ou realpolitik ? La realpolitik finit toujours par l'emporter ; évitons que ce soit sans défendre nos valeurs.

Il faut néanmoins soutenir les efforts diplomatiques engagés par la France. Même si cette résolution est un peu trop complaisante à l'égard de la Russie par certains aspects, elle a le mérite de poursuivre la négociation et de rechercher un équilibre entre la défense des valeurs européennes et l'efficacité diplomatique.

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