Intervention de Paul Dühr

Commission des affaires européennes — Réunion du 7 juillet 2015 à 16h00
Institutions européennes — Audition de M. Paul Dühr ambassadeur du luxembourg en france

Paul Dühr, ambassadeur du Luxembourg en France :

Le document décrivant les priorités du Luxembourg pour la présidence semestrielle est intitulé « Une Union pour les citoyens » car le citoyen doit, à nos yeux, être remis au centre de l'Europe. Cette présidence luxembourgeoise s'inscrit dans un double contexte : institutionnel et d'actualité.

Institutionnel car depuis le traité de Lisbonne, la présidence stable du Conseil européen a placé le Conseil des ministres des affaires étrangères à l'arrière-plan. À titre personnel, je regrette un peu l'absence de l'approche nationale qui prévalait auparavant : elle apportait de l'enthousiasme au pays en charge de la présidence. Cela étant, pour la première fois, le Luxembourg a un commissaire issu du parti qui a gagné l'élection.

En second lieu, l'actualité est riche, avec les suites du référendum grec, la question des migrants, les relations avec la Russie, le référendum programmé au Royaume-Uni sur son appartenance à l'Union européenne. Le Premier ministre David Cameron poursuit sa tournée auprès des États membres pour tenter de modifier certains aspects du fonctionnement de l'Union afin de lui permettre d'appeler ses concitoyens à voter pour le maintien du pays dans l'Union européenne. Enfin, la conjoncture économique est atone, ce qui n'est pas encourageant pour la croissance.

La présidence semestrielle est une tâche lourde, en particulier pour un petit pays. Son coût oscillera entre 60 et 70 millions d'euros.

La première des 7 priorités du Luxembourg pour cette présidence semestrielle consistera à stimuler l'investissement pour relancer la croissance et l'emploi. Le Plan Juncker commencera bientôt à générer des effets positifs, en particulier pour les PME qui ont grand besoin de ressources. Pour cela, le FEIS crée de nouvelles possibilités dont il faudra tirer le maximum pour lever les freins à l'investissement. Dans ce contexte, il faudra également accélérer la marche vers l'union des marchés de capitaux et consolider la réforme bancaire.

Il faut aussi remédier à la carence qui, jusque-là, a empêché la mise en oeuvre d'une politique industrielle compétitive. Des plans d'action sectoriels seront lancés, notamment pour l'acier.

L'effort devra être mis sur la recherche et l'innovation comme sur la cohésion territoriale, en particulier grâce à la coopération transfrontalière qui est un secteur à développer et sur laquelle le Luxembourg a une bonne expérience.

Deuxième priorité : approfondir la dimension sociale de l'Union. Le Plan Juncker comporte d'ailleurs une dimension sociale importante. L'Europe doit tendre vers un « triple A social ». À cette fin, le Luxembourg réunira, à plusieurs reprises, ensemble, le Conseil Ecofin et les ministres du travail afin d'aboutir à une vraie consolidation sociale. Il faut modifier les méthodes de travail et organiser le dialogue social au niveau de l'Union européenne, investir dans le capital humain et la formation : la création d'un « Erasmus » pour la formation professionnelle est une bonne initiative.

Dans le cadre de la stratégie Europe 2020 et la croissance inclusive, il faut lutter contre le dumping social, développer l'équilibre entre hommes et femmes et promouvoir la santé des Européens au travail.

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