Intervention de Marios Lyssiotis

Commission des affaires européennes — Réunion du 5 juillet 2012 : 1ère réunion
Institutions européennes — Audition de M. Marios Lyssiotis ambassadeur de chypre en france

Marios Lyssiotis, ambassadeur de Chypre :

Nous sommes pleinement conscients du contexte spécifique dans lequel s'inscrit cette présidence. Au regard de celui-ci, être un petit pays est un avantage dans la mesure où l'absence d'agenda national fort nous met en mesure d'aider à dégager ces compromis qui constituent le quotidien de l'Union européenne. Je précise qu'assurant cette présidence pour la première fois, nous avons pu bénéficier, au sein du trio, de l'enthousiasme de nos prédécesseurs polonais et de l'expérience du Danemark.

L'Europe traverse une crise sans précédent qui est économique et financière, mais qui est aussi une crise de confiance ; confiance des marchés et confiance des citoyens. C'est avec modestie, humilité même, mais non sans ambition, que nous sommes prêts aujourd'hui à saisir cette opportunité de participer à la construction d'une Europe plus pertinente aux yeux de ses citoyens et du monde, plus efficace dans ses réponses aux inquiétudes de ses citoyens, plus solidaire, et enfin porteuse d'espoir pour les générations futures, la jeunesse étant au centre de nos préoccupations.

Dès la conception de son programme, la présidence chypriote a accordé une place centrale à la croissance, convaincue que l'Union européenne dispose non seulement de suffisamment de moyens et de capacités, mais aussi d'un climat favorable à la réalisation de cet objectif. Nous y consacrerons tous nos efforts tout en restant dans le cadre de la consolidation fiscale et de la stabilité financière.

Les décisions d'une importance capitale prises par le dernier Conseil européen, ainsi que le pacte de croissance et d'emploi s'harmonisent admirablement avec notre programme et nous nous emploierons à leur mise en oeuvre dans les meilleures conditions.

La première des priorités de la présidence est d'oeuvrer à une Europe plus efficace et plus durable. L'une de ses principales tâches sera de faire aboutir la négociation concernant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020. Ce travail intensif débutera dès le mois de juillet et sera l'objet du prochain Conseil des Affaires générales, qui portera principalement sur ce sujet, ainsi que d'une réunion des ministres des affaires européennes fin août avec pour objectif de fournir, pour le mois d'octobre, des éléments de réponse chiffrés au Conseil européen. Tout cela sera réalisé dans le respect des compétences de chacune des institutions et de la méthode communautaire. L'objectif est d'adopter avant la fin de l'année un cadre financier équilibré, orienté vers la création de croissance et de compétitivité, tout en s'inscrivant dans une perspective de solidarité et de cohésion.

Il s'agit aussi de définir une politique cohérente dotée des ressources adéquates en contribuant à la stabilisation économique des pays membres. La présidence s'efforcera aussi de faire avancer le plus possible les négociations sur le cadre législatif concernant les grandes politiques de l'Union : la politique agricole et de la pêche commune que Chypre souhaite préserver, la politique de cohésion et la politique de recherche et d'innovation, avec un effort particulier en direction des PME.

Une attention particulière sera aussi portée au budget de l'année 2013, pour lequel le terrain d'entente que nous trouverons devra être en cohérence avec nos objectifs communs, les décisions du Conseil et le cadre financier pluriannuel.

Compte tenu de son expérience, Chypre aspire à une relance de la politique maritime intégrée, parallèlement aux avancées sur les questions importantes relatives aux réseaux transeuropéens de transport, de télécommunication et d'énergie, au mécanisme d'interconnexion en Europe ainsi qu'au domaine de l'eau.

Notre deuxième priorité vise une économie plus performante fondée sur la croissance. Il s'agit de trouver les équilibres entre croissance et discipline budgétaire afin de regagner la confiance des marchés et des citoyens. Dans ce but, la présidence va notamment promouvoir la politique de compétitivité industrielle et la revitalisation des activités des PME, ces dernières constituant la grande force de l'Europe.

La crise économique a révélé les faiblesses structurelles de l'Union, et la nécessité d'améliorer l'efficacité de ses politiques, d'assainir les finances publiques et d'engager un développement économique durable. Nous veillerons au suivi de la mise en oeuvre de la stratégie Europe 2020, ainsi que des décisions du dernier Conseil européen dans ces domaines.

Parallèlement, le cadre réglementaire des services financiers devra être renforcé pour une plus grande transparence des marchés, une protection accrue des consommateurs et des investisseurs, ainsi qu'une gestion plus efficace des crises financières.

En outre, un nouvel élan sera donné à l'approfondissement du marché intérieur, en soulignant une fois encore le rôle des PME. La présidence va promouvoir également la mise en place d'un marché unique numérique efficace.

La troisième priorité consiste à favoriser une Europe plus proche de ses citoyens, solidaire, et oeuvrant pour la cohésion sociale. Nous mettrons l'accent sur la jeunesse aujourd'hui confrontée au chômage, et plus généralement à de fortes incertitudes sur l'avenir. Il importera pour cela d'investir en faveur de la demande et de la création d'emplois. La formation, la culture et l'innovation sont aussi en mesure de contribuer à la cohésion sociale, au développement et à la croissance.

Par ailleurs, un régime d'asile européen commun devra, dans le respect de nos valeurs, être mis en place d'ici fin 2012.

Enfin, rappelons que 2012 a été désignée année du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle. La Présidence abordera également ces questions ainsi que des questions concernant la santé et le bien-être, une action dans le bassin méditerranéen ayant déjà été engagée concernant les maladies contagieuses.

La quatrième et dernière priorité porte sur une Europe plus proche de ses voisins et du monde, objectif qui sera poursuivi en étroite collaboration avec la Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et le Service européen d'action extérieure. Dans le contexte de la politique de voisinage, vous ne serez pas surpris que Chypre souhaite voir l'Union européenne améliorer ses relations avec les pays voisins, notamment méditerranéens. C'est également une façon pour l'Europe d'apporter son soutien aux transformations démocratiques en cours dans les pays de la rive du Sud ainsi que de renforcer un dialogue autour de l'échange et des relations économiques.

C'est également dans ce chapitre qu'entrent les questions d'élargissement. Tous les processus d'élargissement seront conduits, le cas de chaque pays candidat étant apprécié séparément et en accord avec les textes communautaires.

La présidence chypriote insistera aussi sur le soutien des efforts déployés par l'Union européenne en vue de relever les défis de la sécurité alimentaire ainsi que sur des sujets humanitaires, tels que la création d'un corps volontaire européen d'aide humanitaire.

En conclusion, nous considérons que la présidence n'a pas nécessairement vocation à créer de nouvelles politiques, mais plutôt, comme dans la maïeutique de Socrate, à les faire naître, à accompagner leur aboutissement. Elle doit être un catalyseur.

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