Intervention de Marios Lyssiotis

Commission des affaires européennes — Réunion du 5 juillet 2012 : 1ère réunion
Institutions européennes — Audition de M. Marios Lyssiotis ambassadeur de chypre en france

Marios Lyssiotis, ambassadeur de Chypre :

Je ne ressens pas de frustration, Monsieur Del Picchia. Le contexte d'incertitude et de crise limite certes nos marges de manoeuvre, mais c'est le cas aussi pour les « grands pays » de l'Union. Cela dit, dans d'autres contextes, pendant la guerre d'Irak par exemple, la présidence européenne a prouvé son utilité : la Grèce a alors admirablement réussi à préserver l'unité européenne.

Si nous mettions la barre trop haut, nous serions accusés d'irréalisme, et si nous la mettions trop bas, les attentes seraient déçues. Je pense que notre position sera marquée par l'humilité, comme je l'ai dit, mais non pas sans ambition. Le programme que nous avons défini à trois pays pour les dix-huit mois à venir tient compte des contraintes : c'est pourquoi nous l'avons élaboré avec une certaine humilité et modestie. En outre, et au-delà du contexte, le traité lui-même limite notre marge de manoeuvre. Une grande partie des dossiers de la présidence sont hérités et en six mois, on ne peut pas bouleverser la politique européenne. La présidence polonaise avance un dossier, la danoise le poursuit, nous concluons. Mais nous trouverons le moyen d'apporter notre contribution et de faire valoir notre sensibilité. Modeste et ambitieuse, ainsi concevons-nous notre présidence. Les grands projets ne sont pas d'actualité, mais la politique européenne se fait par petits pas. Si nous gagnons ne serait-ce qu'un emploi grâce à une meilleure utilisation des moyens disponibles, nous saurons nous en réjouir.

Quant à notre voisinage, il est, bien sûr, plein de défis. La situation en Syrie met en danger la stabilité de la région. Notre ministre a visité le Liban à plusieurs reprises ces derniers mois, vous pouvez imaginer notre inquiétude, car la crise syrienne a des implications régionales. Vous savez qu'une grande partie de la politique étrangère commune est réalisée conjointement avec Mme Ashton : la présidence seule ne peut apporter des réponses à la crise syrienne. Nous pouvons seulement oeuvrer afin de trouver un moyen pacifique pour permettre une transition démocratique du pays dans le respect de l'état de droit. Ne rééditons pas l'expérience de l'Irak : notre préférence va à une transition « à la yéménite », et nous appuierons toute initiative qui ira dans ce sens. Mais vous savez que le Conseil de sécurité des Nations unies est lui-même bloqué... Notre action est limitée à des sanctions et aux pressions que nous pouvons faire pour que le régime se transforme.

L'expérience de la crise libanaise il y a quelques années, où des milliers de ressortissants européens avaient dû être évacués, nous incite aujourd'hui à nous préparer à une crise humanitaire dans la région, tout en souhaitant qu'elle n'ait pas lieu. Chypre fait partie du groupe des amis du peuple syrien : chacun partage la conviction qu'il faut persévérer, avec l'aide des Nations Unies, à inciter le pays à changer de régime tout en préservant les structures étatiques : ce point est très important. La Syrie est un pays complexe, qui contient beaucoup de minorités, et qui a besoin de structures stables.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion