Intervention de Jean-Marie Cavada

Commission des affaires européennes — Réunion du 15 mai 2013 : 1ère réunion
Institutions européennes — Audition de M. Jean-Marie Cavada député européen président du mouvement européen - france

Jean-Marie Cavada :

Je vous remercie pour votre invitation qui présente à mes yeux un double intérêt. D'une part, c'est l'occasion pour moi de mieux appréhender l'action que le Parlement souhaite mener pour construire l'Europe de l'avenir. D'autre part, nous pouvons échanger sur les meilleurs moyens de faire la pédagogie de l'Union européenne auprès de nos concitoyens.

Les réformes en France et la relance européenne me paraissent étroitement liées. Un redressement de la France est indispensable aux relations franco-allemandes et à la construction européenne.

La panne de l'Europe va de pair avec une panne de modernité. Le thème de la construction européenne a été déserté depuis l'époque de Jacques Delors. Les citoyens européens cherchent un sens dans l'expression technocratique actuelle qu'ils ne comprennent pas plus à l'échelon européen qu'à l'échelon national. Nous ne disons pas assez pourquoi nous faisons l'Europe.

L'ambition doit être de faire du continent européen dans le contexte de la mondialisation un continent puissant sur le plan économique afin qu'il redevienne une puissance démocratique mondiale. La désaffection actuelle me semble moins porter sur le projet européen en tant que tel que sur la forme qu'il a prise.

Il est nécessaire de mettre en oeuvre un droit d'inventaire sur l'Europe en tenant compte de ce qui n'a pas marché. Nous ne sommes pas des chevaliers de la béatitude ! En outre, nous devons être clairs sur ce que nous voulons faire. L'Union européenne vient de recevoir le prix Nobel de la paix mais quelle est son ambition pour les années à venir ?

Nous parlons de rétablir la prospérité économique. Malheureusement, les actes ne suivent pas. Je considère qu'il faut mettre en place les instruments d'une relance immédiate. La Commission européenne, trop imprégnée d'une doctrine « comptable », n'a jusqu'à présent pas su présenter des propositions suffisantes dans ce sens. À mes yeux, il est nécessaire de revaloriser la recherche scientifique pour soutenir le développement de nouveaux secteurs industriels. Je songe à des secteurs tels que les biotechnologies, les nanotechnologies, le transport de l'énergie solaire, les télécommunications, l'industrie cognitive, les infrastructures de transport est-ouest qui demeurent très insuffisantes. La Banque européenne d'investissement pourrait garantir un emprunt international que les particuliers souscriraient compte tenu du niveau élevé de l'épargne des ménages.

À défaut de ces initiatives, il y a un vrai risque que l'euroscepticisme ne s'approfondisse, en particulier dans la population âgée et chez les plus jeunes.

Au nom d'une vingtaine d'associations travaillant sur les questions européennes, je demanderai audience au Président de la République, en vue de lui soumettre des propositions dans la perspective des élections européennes. Nous avons besoin d'une gouvernance économique de la zone euro. Il faut par ailleurs convoquer une Constituante ou une Convention afin de permettre à l'Europe de franchir une nouvelle étape. Il faut terminer ce que le traité de Lisbonne a commencé.

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