M. Piras devait présenter un point d'actualité sur la Hongrie ; des problèmes de santé le retenant chez lui, j'ai jugé utile de présenter, à la place, un point sur Chypre.
La crise chypriote est une crise bancaire, comme en Irlande, en Espagne ou en Islande, déclenchée par l'explosion d'une bulle immobilière. Elle a été particulièrement grave en raison du surdimensionnement du secteur bancaire chypriote dû à une fiscalité très avantageuse qui a attiré les épargnants et les sociétés off-shore. Les actifs détenus par les banques chypriotes représentent sept fois et demie le PIB de l'île. L'endettement privé représente près de 300 % du PIB, quatre fois plus qu'en France par exemple. De plus, les banques chypriotes sont très exposées à la dette grecque.
La crise financière a provoqué une crise économique : le PIB a reculé de 2,3 % en 2012 et devrait reculer de 3,5 % cette année. Le chômage a triplé pour atteindre 11 % aujourd'hui.
Les investisseurs russes détiennent 25 % des dépôts bancaires, et réalisent un tiers des investissements dans le pays. Pour éviter les conditions très contraignantes qu'auraient imposées l'Europe et le FMI, Chypre s'est tournée, dans un premier temps, vers la Russie, qui lui a accordé un prêt de 2,5 milliards d'euros, lui permettant de couvrir ses besoins de financement jusqu'à maintenant ; mais Chypre ne pourra plus faire face à ses dépenses d'ici deux mois. La crise n'est donc pas apparue brutalement. Dimítris Khristófias, président en fin de mandat, estimait ne pas disposer du crédit nécessaire pour la résoudre. L'élection d'un nouveau président a changé la donne.
Chypre a donc dû se tourner vers l'Union européenne, qui a conditionné son aide à une réduction des dépenses. Les autorités chypriotes ont refusé, tandis que des divergences apparaissaient au sein des autorités européennes sur le montant de l'aide. L'Allemagne notamment, jugeait insoutenable une aide de 17,5 milliards d'euros qui aurait porté la dette publique à 140 % du PIB.
Après les élections présidentielles à Chypre, de nouvelles négociations ont été ouvertes. Elles ont débouché sur un nouveau plan : l'aide de l'Europe et du FMI était ramenée à 10 milliards d'euros, et Chypre recueillait environ 6 milliards d'euros grâce à une taxe sur les dépôts bancaires.
Le scénario précédent s'est reproduit : le Parlement chypriote - c'est un tout petit parlement de 50 membres -...