Intervention de Bruno Gollnisch

Commission des affaires européennes — Réunion du 2 novembre 2011 : 1ère réunion
Economie finances et fiscalité — Réunion conjointe avec la commission des affaires européennes de l'assemblée nationale et les membres français du parlement européen sur la gouvernance économique européenne et la régulation financière

Bruno Gollnisch, député européen :

J'adhère aux propos de Mme Fabienne Keller relatifs à la taxation des transactions financières. La crise n'est pas seulement conjoncturelle mais structurelle, peut-être même pas principalement financière mais due au premier chef au déclin industriel de notre continent, et avec lui de sa prédominance. Le reste s'ensuit, en raison de la volonté légitime de maintenir des services et des dépenses sociales dans un contexte de concurrence de plus en plus féroce. Mais le projet européen initial - la constitution d'un ensemble régional entre pays aux niveaux de développement économique et de protection sociale comparables - est-il compatible avec l'insertion de cet ensemble dans la mondialisation, notamment avec l'abaissement permanent des obstacles tarifaires dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce ? J'en doute ; dans ce cas, quelle est l'utilité véritable d'un ensemble régional ? La crise devrait nous donner l'occasion d'une réflexion qui n'a jamais vraiment eu lieu - les peuples n'ont pas été réellement consultés.

La Grèce est très critiquable, mais sommes-nous nous-mêmes exempts de toute critique ? Le traité de Maastricht limitait le déficit public à 3 % du produit intérieur brut ; de cette règle très contraignante, nous avons été les premiers à nous affranchir. De nouveaux traités plus contraignants encore seraient-ils mieux respectés ? Je rappelle par ailleurs que notre Constitution, en son article 55, n'impose à la France le respect des traités que s'ils sont appliqués par les autres parties.

Bien qu'appartenant à une mouvance politique eurosceptique, sinon hostile à l'évolution actuelle de l'Union européenne, j'essaye d'envisager les choses de manière objective du point de vue de ceux qui souhaitent une Europe plus visible, et je constate que le traité de Lisbonne est une usine à gaz. Je ne suis pas le seul à juger stupéfiant que l'instauration d'un président du Conseil européen n'ait pas mis fin à la présidence tournante de l'Union. Dans ces conditions, quel espace peut se ménager M. Van Rompuy ? Si l'on veut donner plus de visibilité à l'Union, si l'on veut une autorité européenne, il faut au moins mettre fin à la présidence tournante et fusionner la fonction de président du Conseil et celle de président de la Commission. Dans leur configuration actuelle, les institutions européennes sont ingérables et incompréhensibles.

Enfin, contrairement à M. Gauzès, je ne trouve pas scandaleuse la décision du Premier ministre grec ; sur le tard, je me découvre modérément démocrate... L'inconvénient est évidemment que quand on donne la parole au peuple, il la prend, mais c'est un inconvénient qu'il faut assumer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion