Intervention de Jean Bizet

Commission des affaires européennes — Réunion du 12 janvier 2017 à 9h05
Institutions européennes — L'italie et l'union européenne : rapport d'information et avis politique de mm. jean bizet pascal allizard rené danesi andré gattolin mme gisèle jourda et m. simon sutour

Photo de Jean BizetJean Bizet, président :

Vous avez reçu le rapport d'information rédigé à la suite du déplacement à Rome d'une délégation rassemblant Gisèle Jourda, Pascal Allizard, René Danesi, André Gattolin, Simon Sutour et moi-même.

Le référendum constitutionnel du 4 décembre 2016 s'est traduit par un rejet de la réforme institutionnelle souhaitée par le gouvernement de Matteo Renzi, puis par la démission de celui-ci. Cette refonte de l'organisation des pouvoirs italiens, au niveau tant national que territorial, était présentée comme la mère de toutes les réformes par le président du Conseil, au pouvoir depuis février 2014. Elle comprenait trois volets : la révision de la loi électorale, le changement de statut du Sénat et la modification de l'organisation territoriale. Matteo Renzi voulait faciliter la prise de décision au niveau national, en limitant les conflits de compétence entre l'État et les régions et en s'appuyant sur une majorité parlementaire stable et renforcée. Le bicamérisme actuel, en effet, est tellement parfait qu'il paralyse parfois la prise de décision...

Le référendum a, de fait, cristallisé des oppositions diverses, visant pour certaines le coeur de la réforme et pour d'autres la politique menée et le style de Matteo Renzi - surnommé il Rottomatore, le démolisseur - depuis son arrivée au pouvoir en février 2014. Les partisans du « non » ont couvert tout le spectre politique. Compte tenu de ces approches différentes, il apparaît aujourd'hui contestable de voir dans le référendum du 4 décembre la victoire d'une majorité populiste, a fortiori eurosceptique, même s'il apparaît clair aujourd'hui que seul le Parti démocrate et quelques formations centristes s'inscrivent dans une dynamique pro-européenne. La victoire du non constitue plutôt une nouvelle manifestation, dans nos démocraties occidentales, de l'affirmation d'une ochlocratie, au sein de laquelle le choix rationnel du peuple est remplacé par la manifestation d'humeur de la foule.

Le retrait du pouvoir de Matteo Renzi n'a pas ouvert pour autant une période d'instabilité à la tête de l'État, un cabinet dans la lignée du précédent ayant été nommé dès le 12 décembre, sous la direction de Paolo Gentiloni, l'ancien ministre des affaires étrangères, et par ailleurs ami personnel de Matteo Renzi. Ce nouveau gouvernement aura pour principale mission la refonte de la loi électorale et l'organisation d'un nouveau scrutin. Il devra également assurer la présidence du G7. Le gouvernement va devoir trouver une majorité au sein du Parlement pour faire adopter une nouvelle loi électorale. La tâche n'apparaît pas simple, compte tenu des positions divergentes entre les principaux mouvements et de l'émiettement des groupes parlementaires : 23 formations sont ainsi représentées. Les divergences pourraient conduire à des élections au mieux à l'automne prochain. Il n'est pas à exclure que le gouvernement aille jusqu'au terme de l'actuelle législature censée se terminer en février 2018.

Un vote aujourd'hui se traduirait par une consolidation, voire une victoire du Mouvement 5 étoiles (M5S). Reste à connaître l'ampleur de celle-ci, qui conditionnerait sa capacité à réunir une majorité autour de lui pour gouverner le pays. Le positionnement idéologique du mouvement reste difficile à déterminer, canalisant toutes les protestations et combinant programme social, soutien aux petites et moyennes entreprises, rejet de l'Union européenne et position dure sur l'immigration. Ses représentants sont issus de toutes les sensibilités politiques. La personnalité de Beppe Grillo, ancien comique et inéligible en raison d'une condamnation pour homicide involontaire, et le mode d'organisation de sa formation plaident, en outre, pour une forme d'isolement. Le parti appartient en effet à une entreprise spécialisée dans la sécurité informatique et ne dispose pas de structures classiques comme de fédérations locales ni de permanences. Le parti multiplie par ailleurs les coups d'éclat. Le dernier, tenté au Parlement européen avec Guy Verhofstadt il y a 48 heures, est du plus mauvais effet.

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