Intervention de Sanita Pavïuta-Deslandes

Commission des affaires européennes — Réunion du 28 janvier 2015 à 9h01
Institutions européennes — Audition de s.e. Mme Sanita Pavïuta-deslandes ambassadeur de lettonie en france

Sanita Pavïuta-Deslandes, ambassadeur de Lettonie en France :

C'est un honneur et un plaisir de vous présenter un peu mon pays et surtout nos intentions pour cette présidence. Vous avez tout dit et tous les mots clés sont là. Je suis une diplomate et donc seulement une généraliste. Je répondrai à toutes vos questions, mais pour les plus techniques, je vous demanderai un petit délai. Pour bien comprendre les rouages de l'Union européenne, il faut avoir traversé une présidence comme l'on dit souvent.

Nous espérons exercer une présidence efficace et, vous avez raison « les petits pays ont des présidences efficaces ». Nous savons ce que nous voulons faire, nous avons des ambitions mais nous saurons faire des compromis et nous n'ignorons pas que nous nous insérons dans un cadre, celui du trio de présidences Italie-Lettonie-Luxembourg, et que nous reprenons l'excellent héritage de la présidence italienne. Ensuite, la nouvelle Commission européenne a adopté un programme de cinq années, dans lequel nous devrons nous inscrire. Notre présidence veut mettre l'accent sur trois axes majeurs évidents, mais n'oublions pas qu'il y a aussi l'actualité qui apporte ses inflexions aux priorités choisies (sécurité intérieure, terrorisme...).

À propos de l'actualité, je souhaite rappeler d'emblée que nous sommes solidaires de la France dans les moments difficiles que vous avez vécus. Notre Premier ministre était présent lors de la manifestation du 11 janvier. Nous devons donc traiter rapidement les questions de sécurité intérieure et de convergence européenne sur cette question. Mais il faut aussi développer la coopération avec les pays tiers où les défis que nous connaissons trouvent leur origine.

Sur la compétitivité de l'Europe, suite à la crise de la zone euro, nous faisons tout ce qui est possible pour relancer la croissance et les emplois ce qui veut dire que nous nous appuierons sur le fameux plan Juncker. Il faut que le Fonds européen pour les investissements stratégiques soit opérationnel avant la fin du mois de juin sur des projets très concrets. De façon pratique, ce sont les États membres qui proposent les projets. Il y a un grand choix d'investissements possibles, mais il faut des projets mûrement préparés. Nous devons prendre des mesures législatives pour renforcer le marché unique qui existe mais qui n'est pas achevé. Nous nous pencherons sur la compétitivité industrielle. Nous espérons que le semestre européen contribuera à renforcer l'efficacité de notre action en faveur de la stratégie UE 2020.

Le dossier climat-énergie est capital. Les décisions doivent maintenant être traduites sur le plan pratique. Sur le climat, nous avons pris de grandes décisions en préparation de la COP21, mais sur cette question, les compétences de la présidence sont limitées puisque la France est co-organisateur et la Commission a son rôle à jouer. La présidence participe et appuie le processus.

L'énergie est un thème important à nos yeux. Nous voulons une politique énergétique commune et même une vraie union énergétique. Nous en parlerons le 6 février. La Commission européenne doit présenter un nouveau document. La question de la sécurité de l'approvisionnement, de l'interconnexion et de la diversification des sources d'approvisionnement est essentielle pour l'Europe. Il faut être uni face aux pays fournisseurs.

Pour l'union bancaire et monétaire, pendant notre présidence, nous mettrons en oeuvre ce qui a été décidé (« Six Pack », « Two Pack », Union bancaire) et nous ne proposerons pas de nouveau dispositif.

Quant au deuxième grand volet, nous mettrons le numérique en avant dans un sens très large qui comprend le « Paquet Telecom ». Nous voulons arriver à un accord sur ce point entre les États membres. Nous aspirons à des services de haute qualité, mais à un prix raisonnable. La question de la protection des données personnelles nous semble primordiale, car nous devons assurer la confiance.

Mais je n'oublie pas la cyber-sécurité, ni la compatibilité entre les différents réseaux numériques ou la question des droits d'auteur. La France y est très sensible, je crois. Il faut définir une stratégie européenne pour créer un marché numérique unique.

En matière de politique intérieure et de politique européenne de voisinage, nous défendons l'idée d'un vrai engagement de l'Europe, le rôle et la place de l'Union européenne dans le monde. C'est la compétence de la Haute Représentante que nous soutenons dans ses compétences, mais nous voulons mettre l'accent sur telle ou telle politique : ainsi, nous sommes très sensibles au Partenariat oriental. Cependant, s'occuper du Partenariat oriental ne veut pas dire délaisser la rive sud de la Méditerranée. Mais il se trouve qu'au mois de mai, le sommet du Partenariat oriental se tiendra à Riga. Alors, il faut être pragmatique : c'est une politique importante pour l'Union, même si les attentes des six pays concernés sont différentes et si les choses ont changé depuis deux ans. On ne peut pas imposer à tout le monde le même chemin européen. Il s'agit de faire le point sur les progrès qui ont été accomplis. Les contacts et la mobilité des personnes font partie des politiques prioritaires. La politique de voisinage ne doit pas être une politique qui divise. Il faut rendre cette région plus stable. Il ne faut pas créer de déception en promettant trop.

Pour l'Asie centrale, il est important de coopérer pour des raisons de sécurité, et de favoriser l'éducation et le développement durable.

Sur tous ces dossiers, nous apportons notre soutien à la Haute Représentante.

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