L'exemple de l'usine d'Auby est révélateur. Cette usine était condamnée à la fermeture. Je suis un ancien de Metaleurop et j'ai pu suivre toute cette affaire ! Le directeur de l'usine d'Auby nous a fait part de la présence d'indium dans les circuits. Lors d'une revue stratégique mondiale des différentes fonderies de zinc de son groupe, il a été décidé de fermer la plus petite, celle d'Auby. En six mois, on a trouvé la technologie assurant le retrait de l'indium, ce qui témoigne d'ailleurs de notre capacité d'innovation. Au terme de négociations conduisant à une joint-venture, nous avons vendu la technologie d'extraction de l'indium et l'usine a construit un atelier consacré à cette nouvelle technologie ; ce qui a permis au passage de sauver l'usine. Cet atelier indium, qui produit cinquante tonnes d'indium par an, a changé la donne. Cette usine d'Auby, qui compte deux-cent-cinquante emplois, a été sauvée par l'apport technologique. Malgré cette réussite, le directeur de l'usine accusé par sa hiérarchie d'avoir conduit des travaux de recherche sans accord préalable, ainsi que le responsable de la stratégie mondiale du groupe qui n'avait pas vu qu'on pouvait changer la face des choses avec des petits métaux, ont été licenciés. Depuis, ce type d'extraction est devenu une source d'intérêt et une usine d'extraction du germanium devrait également être installée à la fois sur Dunkerque et sur Auby. Cette usine apporterait ainsi un nouveau métal stratégique dans le Nord-Pas-de-Calais.
On a changé la culture d'une entreprise qui ne faisait pas de R&D, mais qui la sous-traite, et on voit naître dans cette région un cluster de métaux stratégiques. Nous appelons de nos voeux le développement d'entreprises, comme Morphosis ou la nôtre, capables d'engendrer ce genre de projets.