Intervention de Françoise Berthoud

Mission d'information inventaire et devenir des téléphones mobiles — Réunion du 14 septembre 2016 à 14h00
Audition de Mme Françoise Berthoud ingénieure au cnrs directrice du groupement de service ecoinfo

Françoise Berthoud, ingénieure au CNRS, directrice du groupement de service EcoInfo :

Je vais vous le dire très rapidement, car la dénomination est assez explicite.

Dans une analyse de cycle de vie, qui est normée et correspond à un certain nombre de critères, on étudie tous les entrants et tous les sortants pour tous les process et sous-process de fabrication d'un produit ou d'un service, depuis l'extraction des métaux, en passant par la fabrication, le transport, l'usage, jusqu'au traitement de fin de vie. Il importe de savoir que ces analyses sont faites à partir de bases de données. Ecoinvent, la principale base de données, est utilisée dans un logiciel dénommé SimaPro. Les données ne sont pas remises à jour tous les trois mois, ni même tous les six mois - la mise à jour est longue, car c'est extrêmement coûteux -, et elles sont assez incomplètes.

Ainsi, toute la modélisation de fin de vie est imparfaite. Les résultats que l'on peut extraire de ce logiciel sur ce sujet sont entachés d'erreurs. On n'a donc pas une bonne vision des impacts, qui sont largement sous-estimés.

Par ailleurs, ce secteur industriel connaît, vous le savez bien, une dynamique d'évolution très forte ; les processus et les métaux utilisés dans les smartphones évoluent donc sans cesse. Les bases de données n'étant pas, je le répète, suffisamment mises à jour, elles ne nous permettent pas d'avoir une vision correcte.

En dépit de cette observation, un certain nombre d'articles montrent que les données dont nous disposons restent réalistes.

Si l'on ne prend pas en compte la connectivité avec les data centers, le cloud computing, la phase de cycle de vie la plus dominante d'un smartphone est l'extraction des métaux et la fabrication. Mais si l'on y inclut toute la partie concernant l'utilisation, le stockage de données, l'usage devient plus important.

Les impacts d'un smartphone sur l'environnement - je ne parlerai pas des impacts sur le cerveau -, concernent la dépression des métaux, des ressources non renouvelables, le réchauffement climatique, avec tous les effets induits, et l'écotoxicité. La carte électronique est le composant ayant l'impact le plus fort en la matière, devant l'écran LCD et la batterie, qui sont quasiment au même niveau.

Vous le savez, les téléphones portables comprennent de nombreux métaux et composants différents. On constate une augmentation du nombre de métaux différents, même si on note une diminution en quantité, liée à la réduction de la taille de certains métaux. L'introduction de nouvelles fonctionnalités passe en fait par de nouveaux métaux, dont certains sont évidemment critiques. Je ne puis vous donner ici la liste des quarante métaux concernés, mais je peux vous envoyer des éléments d'information sur ce sujet par mail.

Aucun constructeur ne peut nous assurer de la composition des téléphones portables qu'il propose. Si vous détenez ces informations, je serai très curieuse de les connaître.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion