Au Maroc, la parité hommes-femmes a été voulue par le roi et votée par le Parlement malgré les oulémas. Aujourd'hui, les victimes de l'État islamique autoproclamé sont d'abord les musulmans. La majorité silencieuse a peur ; je le ressens dans les lycées - j'ai fait 143 conférences en province en 2015. Nous devons redevenir des citoyens, dans un sens qui transcende l'appartenance identitaire. Nous avons décidé que quelqu'un devait représenter la communauté musulmane ; mais le Prophète a dit : « Seuls ceux qui possèdent le savoir ont le droit d'interpréter ». Il ne s'agit pas des philosophes, mais des juristes-théologiens, de moins en moins nombreux et suscitant peu l'intérêt des médias. On préfère les barbus qui insultent la France...
Le CFCM ne représente que lui-même et une partie du courant algérien, qui est en reflux. Dans cinq à dix ans, le courant le plus représentatif sera le courant marocain, grâce au soutien du roi. Les Tunisiens sont plutôt à ranger dans la catégorie « loup solitaire ». Il y a une tendance islamiste incarnée par l'UOIF, qui est, en réalité, représentée dans tous les courants. Au départ réformatrice, cette organisation est aujourd'hui dans la ligne des Frères musulmans. Au Maroc, le rite dominant est le rite malikite : libéralisme économique à outrance, mais solidarité à toute épreuve. Il est indispensable de connaître les différents courants, qu'ils soient salafistes ou djihadistes. Je signale en passant que djihad signifie « effort » et non « guerre ».
Je fais des conférences tous les deux mois dans les prisons ; je fais partie de la réserve citoyenne des lycées et de la Marine. Je m'en félicite, car c'est le signe que les gens ont besoin de comprendre. Être citoyen, c'est être co-responsable de la cité, co-solidaire. Voilà notre modèle.