Je vous remercie de la confiance que vous m'avez accordée en me désignant rapporteur de cette mission d'information sur un sujet ô combien complexe, voire polémique à certains égards.
Sur la forme, je pense qu'il faudrait achever nos travaux à la fin du mois de mars, pour d'évidentes raisons de calendrier. L'intérêt que suscite le thème de notre mission auprès des professionnels et des associations concernés justifierait peut-être une large ouverture de nos auditions au public et à la presse, dans un souci de transparence et de plus grande diffusion de nos travaux. Sans être redondant avec d'autres rapports réalisés au Sénat, il faudra aussi aborder l'autisme, en veillant à ne pas lui accorder une place trop importante par rapport aux autres sujets.
Dans l'intitulé de la mission, nous avons préféré parler de « psychiatrie des mineurs » plutôt que de « pédopsychiatrie ». Notre champ d'investigation couvrira plusieurs tranches d'âge, soumises à des problématiques très différentes.
Nous nous intéresserons à la psychiatrie du tout-petit, notamment au dépistage précoce de l'autisme. Nous aborderons également la psychiatrie de l'adolescent, voire du pré-adolescent, sans oublier les grands champs « classiques » : le social, le médico-social, le sanitaire, l'éducatif et le judiciaire.
J'ai présidé pendant de nombreuses années un institut thérapeutique éducatif et pédagogique, ou ITEP. Les jeunes concernés sont souvent considérés comme des « patates chaudes » ; personne n'en veut. Ils ont souvent commis des actes de délinquance et eu maille à partir avec la justice. En creusant un peu la question sanitaire, on s'aperçoit que ces enfants ont des troubles du comportement parfois sévères, de nature psychotique, qui constituent autant de voies d'entrée vers des maladies graves, comme la schizophrénie. Enfin, d'un point de vue social, il s'agit d'expliquer - non de justifier - la précarité fait volontiers le lit des troubles psychiques.
Nous essaierons d'aborder ces différentes facettes des troubles du comportement de l'enfant sans cloisonnement ni logique en « tuyaux d'orgue ». Nous devrons aussi tenter d'apporter des réponses pratiques : si la psychiatrie est souvent le parent pauvre de la médecine, la pédopsychiatrie des mineurs est le parent pauvre de la psychiatrie, dans le secteur public hospitalier comme dans le secteur privé. Nous connaissons tous les délais auxquels sont soumis les médecins généralistes pour envoyer un enfant en consultation psychiatrique.
J'aimerais également aborder le problème des « dys » : dyslexies, dysorthographie, dyscalculie... Selon les spécialistes, certains de ces troubles peuvent relever non seulement de la neurologie, mais aussi de la psychiatrie. Or ces deux disciplines n'ont pas forcément la même approche.