Intervention de Vincent Laflèche

Mission d'information inventaire et devenir des téléphones mobiles — Réunion du 21 juillet 2016 à 15h30
Audition de M. Vincent Laflèche président-directeur général du bureau de recherches géologiques et minières brgm

Vincent Laflèche, président-directeur général du Bureau de recherches géologiques et minières :

Mon propos ne signifiait pas que les prix ne remonteraient pas. Je voulais dire que, du point de vue de la disponibilité géologique des ressources, nous n'avons pas identifié de métaux dont l'épuisement serait proche.

Il n'en résulte pas que les prix diminueront éternellement, pour différentes raisons. En particulier, on observe un phénomène de surinvestissement : par exemple, 70 à 80 % des usines de nickel continuent de vendre le métal à des prix inférieurs à son coût de revient marginal - des prix, donc, qui ne couvrent même plus les amortissements.

Les prix vont de nouveau augmenter dans cinq ans, mais la reprise économique ne profitera qu'aux survivants. Les acteurs essaient donc de tenir. Il faut voir aussi que certains sont engagés sur des contrats à long terme, qui les obligent à fournir.

En outre, certains métaux servent de sous-jacents à des produits financiers, de sorte que leurs prix résultent plutôt de déterminants financiers. Ainsi, nous avons étudié de près un marché chinois de terres rares, et mis en évidence que celui-ci, que certains économistes français prenaient comme référence, était en réalité le lieu de phénomènes de spéculation. Sur un tel marché, on ne sait plus très bien dans quelle mesure les prix reflètent encore la réalité de l'offre et de la demande. C'est vrai notamment pour les petits métaux, qu'une poignée de familles peuvent stocker dans des quantités correspondant à plusieurs années de consommation mondiale.

Au-delà de cinq ans, les prix repartiront à la hausse, sous l'effet d'une tendance mondiale de long terme : la croissance de la population urbaine, combinée à l'élévation du niveau de vie des habitants des villes. Ce phénomène rend nécessaire la construction de nouveaux immeubles, de nouveaux aéroports et, de manière générale, d'infrastructures plus nombreuses. Parallèlement, l'exploitation des mines coûtera de plus en plus cher, du fait notamment des critères environnementaux et d'acceptabilité, mais aussi de la nécessité de creuser de plus en plus profond dans certains endroits. Les prix vont donc de nouveau augmenter, ce qui fait du recyclage une opportunité tout à fait intéressante.

Des travaux économiques réalisés voilà quatre ans ont permis d'estimer que la courbe ascendante du prix des matières premières et la courbe descendante des coûts du recyclage se croiseraient dans douze ans - dans huit ans, donc, à compter d'aujourd'hui. Peut-être la non-reprise du super-cycle chinois entraînera-t-elle un allongement de ce délai, mais personne n'imagine que ces courbes ne se croiseront pas un jour. De fait, même si nous avons des réserves, l'extraction de celles-ci va devenir plus compliquée, du fait de moindres densités et de conditions d'accès plus difficiles, entre autres raisons.

Sans compter qu'un certain nombre de pays africains en ont assez des entreprises pilleuses. La Banque mondiale estime que, dans le domaine du pétrole et du gaz, 40 à 45 % des richesses restent d'une manière ou d'une autre dans le pays d'extraction - savoir comment elles sont réparties, c'est un autre débat. Dans le domaine minier, cette proportion est inférieure d'un facteur deux, ce qui signifie qu'une part beaucoup plus forte de la valeur ajoutée quitte le pays. Le BRGM accompagne d'ailleurs certains pays, comme la Guinée, dans la révision de leur code minier, en vue d'assurer une répartition plus équitable des richesses.

Pour ce qui est du développement durable, Rio Tinto considère que les entreprises doivent se préparer à payer leurs externalités.

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