Intervention de Frédéric Goettmann

Mission d'information inventaire et devenir des téléphones mobiles — Réunion du 11 juillet 2016 à 14h05
Recherche et applications industrielles en matière de recyclage des téléphones portables — Audition

Frédéric Goettmann, président d'Extracthive :

Je reviens sur les métaux des téléphones portables. Cette question est difficile, car il n'existe pas de statistiques récentes et fiables sur ce sujet, ce qui est un réel problème. Le rapport le plus fiable que j'ai trouvé est celui des Nations unies, de la convention de Bâle, et date de 2006. Or, en dix ans, les composants des téléphones portables ont dû évoluer.

Il y a suffisamment de bons chimistes analyticiens en France, au BRGM, ou chez Eramet, pour qu'une étude puisse être réalisée sur cette question.

Il y a de l'ordre de 200 grammes d'or par tonne, de 500 grammes de tantale par tonne.

Comme vous le savez, il y a eu une crise minière au cours des deux dernières années, le niveau le plus bas ayant été atteint au mois de janvier cette année. Mes calculs sont fondés sur les cours des différents métaux en janvier, diminués de 30 % par sécurité.

L'essentiel de la valeur provient de l'or. Si on considère que 70 millions de téléphones sont en circulation en France, que les gens jettent leur téléphone tous les trois ans et demi et qu'on sait les récupérer, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, cela signifie que 20 millions de téléphones sont à recycler chaque année. Sachant qu'un téléphone pèse environ 100 grammes, cela représente 2 000 tonnes de téléphones, soit une quantité extrêmement faible - moins de deux semi-remorques par semaine. Cela pose un problème de modèle économique si on veut créer une filière dédiée au téléphone portable.

La valeur des métaux de ces 2 000 tonnes est de l'ordre de 20 millions d'euros par an, dont 10 millions pour l'or. Chaque erreur de 1 % sur l'or remet en cause le modèle économique. Le fait que 50 % du chiffre d'affaires d'une usine repose sur un seul métal, dont on connaît aussi mal la teneur, est extrêmement inquiétant pour un banquier.

Le reste de la valeur provient du lithium - son prix est difficile à évaluer, les données n'étant pas fiables -, du cobalt et de l'argent.

Une question a été posée sur la substitution du cobalt. On sait que l'on cherche à éliminer le cobalt des batteries lithium-ion. Sa disparition poserait toutefois un problème économique. Solvay recyclait les ampoules basse consommation, or ses deux usines fermeront à la fin de l'année, ces ampoules ayant été remplacées par les lampes LED. De la même façon, il serait risqué de créer une usine pour recycler le cobalt s'il devait disparaître à terme des batteries.

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