Intervention de Frédéric Goettmann

Mission d'information inventaire et devenir des téléphones mobiles — Réunion du 11 juillet 2016 à 14h05
Recherche et applications industrielles en matière de recyclage des téléphones portables — Audition

Frédéric Goettmann, président d'Extracthive :

Je suis toujours inquiet lorsqu'on décide a priori de substituer. Les Japonais ont proposé de remplacer l'indium des écrans plats par du platine. On résout un problème en un créant un nouveau, encore plus grand.

Il faut laisser les industriels gérer et décider des produits devant être substitués.

Certains ont envisagé de recycler les terres rares contenues dans les batteries NiMH, qui sont des batteries rechargeables. Or, en fonction de l'année de production, la teneur en terres rares et leur qualité varient considérablement, car l'industriel s'adapte aux prix du marché et remplace un composant cher par un autre. Il est donc très difficile d'anticiper.

Le matériau de substitution ne doit pas venir en remplacement, il doit apporter une plus-value.

Les terres rares sont un exemple médiatique. Si les constructeurs automobiles décidaient de ne plus utiliser de terres rares, ce serait possible. Les aimants au fer doux fonctionnent très bien, ils sont juste un peu plus lourds. Les arbitrages se font en fonction des coûts.

On comprendrait que l'État définisse une stratégie en matière de recyclage, car elle serait facile à gérer sur des temps longs. En revanche, décider de miser, d'un point de vue institutionnel, sur la substitution, c'est prendre le risque de ne pas anticiper un retournement du marché, de proposer des mauvaises solutions ou des solutions à des problèmes qui n'en sont pas.

Quant au rôle de l'État en matière de formation et de recherche et développement, il est essentiel.

Quand l'État est passé au modèle de recherche sous contrat, il s'est un peu coupé les mains. À cet égard, AllEnvi vient de publier un très bon travail sur ce qu'il faut faire en R&D sur le recyclage. Les gens dans les ministères disent aujourd'hui qu'ils ne peuvent plus rien faire, car ce sont les différentes agences de l'État qui décident de leurs programmes. C'est un peu dommage, car l'État a des moyens et du temps de cerveau disponible pour proposer des programmes ayant du sens, ce que les agences n'ont pas forcément. L'État peut en outre faire des choix stratégiques.

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