Intervention de Anouar Kbibech

Mission d'information organisation, place et financement de l'Islam en France — Réunion du 10 février 2016 à 15h00
Audition de M. Anouar Kbibech président du conseil français du culte musulman

Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman :

L'objectif est de revenir à la vraie place que l'Islam accorde à la femme.

Nous prenons en compte le bien-être animal dans l'abattage rituel. En liaison avec le Consistoire israélite de France, nous cherchons comment concilier les prescriptions religieuses et le bien-être animal, comme l'indiquera prochainement notre charte halal.

Pour réduire le décalage entre la pratique des fidèles et nos propos, un important travail de pédagogie est nécessaire, ce qui renvoie à la question de la formation des imams. Certaines pratiques relèvent non de la religion mais de la tradition. Ainsi du port de la burqa en Afghanistan, ou de l'excision ailleurs. Il faut revenir à des pratiques plus compatibles avec les valeurs que nous partageons. Les colloques que nous organisons contribuent à promouvoir un Islam ouvert, respectueux des valeurs et des lois de la République.

Le mandat actuel est de six ans, et la présidence tournante du CFCM est exercée pendant deux ans. Nous avons du retard, mais le CFCM n'a que douze ans, ce qui est peu par rapport au Consistoire israélite, sans parler du clergé catholique... Avec le temps, il se bonifiera et jouera pleinement son rôle. Nous nous efforçons d'y faire une place aux jeunes et aux femmes, très actives au sein des associations, des mosquées, de la société civile.

Oui, nous sommes la deuxième religion de France. Aussi faudrait-il arrêter de considérer l'Islam comme la religion de l'étranger. Les cris d'« Arabes, dehors ! » poussés à Ajaccio sont déplacés : les citoyens musulmans sont aussi chez eux en France. D'ailleurs, pour la troisième ou quatrième génération, le lien avec le bled est bien ténu...

Il faut construire un Islam franco-français pour les aider à sortir de la victimisation et du repli communautaire et à dépasser la stigmatisation.

La construction de lieux de cultes est essentielle pour limiter l'Islam sauvage, tout comme la formation de cadres religieux. Une mosquée est une véritable entreprise, avec ses salariés. Nous devons accompagner les gestionnaires de ces lieux de culte pour la gestion de leur personnel, leur comptabilité... La Fondation peut y contribuer.

Sur le halal, nous ne remettons rien en cause par rapport à l'existant. De la même manière que certains produits affichent respecter des règles éthiques qui justifient un surcoût de 10 centimes, nous pourrions afficher que 10 centimes du prix de ces produits contribuent au financement du culte musulman en France. Une première étape pourrait être de créer une contribution forfaitaire de la filière halal, afin de financer des activités du CFCM ou d'autres organisations.

Nous souhaitons mettre en place un conseil théologique collégial, où seraient représentées toutes les sensibilités de l'Islam de France, respectueux des valeurs de la République - et non seulement les quatre écoles de jurisprudence : malékisme, chaféisme, hanéfisme, hanbalisme - et des personnes compétentes, à la différence de certains imams autoproclamés parfois invités sur les plateaux de télévision.

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