Je vous prie d'excuser M. Orphelin qui n'a pu venir cet après-midi.
Sur le sujet qui vous préoccupe et qui est d'importance, nous ne disposons pas d'informations extrêmement précises. Le service produit que je représente est un des trois services à l'Ademe de la direction économie circulaire et déchets qui travaille sur la manière dont on arrive à faire de la croissance économique soutenable dans un monde en croissance démographique dans des régions comme l'Amérique latine, l'Afrique et l'Asie, continents qui vont avoir besoin de toujours plus de ressources rares et précieuses. Cette situation n'est pas soutenable à l'horizon 2050 ou 2100. Nous tentons d'apporter des réponses à ces questions.
L'Ademe se préoccupe également de tout ce qui concerne les énergies renouvelables, pour venir en substitution aux énergies carbonées. Or, ces énergies nouvelles sont également grandes consommatrices de métaux critiques, de métaux stratégiques et de matières premières. Croissance démographique et économique se conjuguent donc.
Un exemple sur les déchets électriques et électroniques : en 2012, la France a produit 37 000 tonnes de cartes électroniques à l'état de déchet. Or, seuls 10 000 tonnes ont été collectées et traitées.
Un téléphone portable comporte des cartes électroniques assez petites mais riches en métaux précieux ou critiques. Ainsi, elles comprennent jusqu'à 200 grammes d'or à la tonne, tandis qu'une mine produit 5 grammes à la tonne. Il nous manque donc 27 000 tonnes de cartes électroniques à 200 grammes d'or la tonne. Or, l'or coûte 35 000 euros par kilo. Ainsi, quatre tonnes d'or qui auraient pu être collectées dans nos mines urbaines ont été perdues, soit 124 millions d'euros. Il va falloir extraire ces quatre tonnes dans les pays producteurs d'or, à savoir 800 000 tonnes de minerais. Les impacts environnementaux sont donc considérables.
L'écologiste allemand Friedrich Schmidt-Bleek parle du poids-matière de la consommation : il considère qu'il faut 30 tonnes de matière pour une tonne de technologie. Pour un téléphone, il faut 70 kilos de matière : c'est considérable et pas soutenable à terme.
Les politiques en faveur des matières premières et des énergies doivent converger : nous devons nous intéresser à l'approvisionnement en terres rares, en métaux critiques et en métaux stratégiques. Nous appelons métaux critiques les métaux qui sont à la fois rares, stratégiques en raison de leur source d'approvisionnement et dont le coût est élevé. Ainsi, les éléments permanents des éoliennes sont très consommateurs de terres rares. Or, la Chine contrôle la production mondiale de terres rares.