Je vous remercie. C'est un honneur d'être ici pour vous exposer le rôle de mon pays dans la gestion, le soutien, et le financement des centres de culte musulmans en France.
L'Algérie compte désormais plus de 40 millions d'habitants - contre 10 millions à la proclamation de son indépendance -, musulmans à 99,99 %, le reste étant composé en très grande majorité de chrétiens - catholiques, protestants et évangélistes - et d'un très petit nombre de juifs. L'Islam fait partie du quotidien des Algériens. Il s'agit à 95 % d'un Islam sunnite, de rite malékite. Cette école de pensée professe un Islam du juste milieu, modéré, empathique, ouvert sur la recherche, le questionnement, bref sur la modernité. Cette tradition a été enrichie par de nombreux travaux d'érudits, notamment ceux de Malek Bennabi et Mohammed Arkoun. C'est cette culture de tolérance et cette ouverture au débat qui ont permis à l'Algérie de mettre en échec - difficilement, certes - les tentatives de propagation d'idées extrémistes, tout à fait étrangères à notre société.
Nous ne pouvons pas davantage vous établir une comptabilité exacte du nombre d'Algériens en France mais nous pouvons avancer des approximations. Nous avons presque deux millions d'Algériens régulièrement immatriculés dans nos dix-huit consulats ; les deux tiers environ sont franco-algériens. En outre, j'évalue à environ un million le nombre de Français d'origine algérienne musulmans, pratiquants ou non, rattachables en tout cas à cette communauté de fidèles : je compte dans ce chiffre les personnes non immatriculées, les enfants de Harkis, ainsi que les personnes d'origine algérienne ou conjoints d'Algériens islamisées plus tardivement.
La communauté musulmane d'origine algérienne est en nombre la première communauté musulmane en France. Le Gouvernement algérien a toujours consenti un effort financier pour les soutenir et répondre à leurs attentes. D'une part en participant à la mise aux normes des lieux de culte - chauffage, étanchéité, revêtement de sol, etc. D'autre part en apportant aux associations cultuelles, à leur demande, le premier jeton, la contribution de départ leur donne la légitimité nécessaire pour récolter davantage d'argent. Mais nous ne participons jamais de manière unilatérale, ni en totalité à la construction ou à la réhabilitation des lieux de culte. Ce soutien financier aux associations est minime. Nous avons distribué un peu moins de 4 millions d'euros il y a cinq ans à une cinquantaine d'associations : aucune affectation n'a depuis été décidée.
L'effort financier du Gouvernement algérien demeure important, d'une part, dans le soutien à la Grande Mosquée de Paris, dont les relations avec l'Algérie sont évidentes, qui tiennent à l'histoire commune de nos deux pays ; d'autre part dans le déploiement d'une centaine d'imams dans toute la France, dans des mosquées gérées par des associations majoritairement algériennes. Tout est extrêmement transparent : notre soutien passe par les circuits bancaires classiques, et est organisé en lien avec le ministère de l'intérieur français et les préfectures.