Intervention de S.E. M. Amar Bendjama

Mission d'information organisation, place et financement de l'Islam en France — Réunion du 31 mai 2016 à 14h30
Audition de s.e. amar bendjama ambassadeur d'algérie en france

S.E. M. Amar Bendjama, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire d'Algérie en France :

Beaucoup de familles d'origine algérienne souhaitent en effet enterrer leurs morts en Algérie - moins qu'il y a une quinzaine d'années toutefois, car un certain nombre de communes ont créé des carrés musulmans. La demande d'enterrement en Algérie crée un marché pour les sociétés de pompes funèbres, et fait naître une responsabilité de l'État algérien. Les communes algériennes mettent déjà gratuitement et à perpétuité à la disposition des Algériens une place dans le cimetière de leur lieu de naissance - l'un des gros problèmes en France étant que la concession dans le cimetière est accordée pour cinq ans, après quoi la place peut être affectée à quelqu'un d'autre. Notre communauté revendique également la prise en charge par le Gouvernent algérien des frais de transport aérien des corps. Pour l'heure, il n'a consenti qu'à créer une assurance spéciale « transfert de corps », fondée sur une participation de 25 euros par an et par personne, et 100 euros par famille. J'ignore si ce système fonctionne de manière satisfaisante. Nous continuons à travailler sur cette question difficile, qui représente des sommes importantes à budgétiser.

La mémoire est présente, elle ne peut s'effacer. Comme le disait un ancien président algérien, nous tournons la page mais nous ne la déchirons pas. Les Algériens ont la profonde conviction que le système colonial a été injuste et criminel. Des scientifiques sont actuellement à l'oeuvre pour documenter les différentes méthodes de répression et d'acculturation dont le peuple algérien a été victime au XIXe siècle. Mais le partenariat entre nos deux pays a atteint à présent un niveau exceptionnel grâce à la volonté commune des présidents Bouteflika et Hollande ; il est ainsi bien plus facile de regarder derrière nous, ensemble, pour voir comment nous avons traversé ces deux siècles d'une relation intime, conflictuelle, et continuer à l'apaiser pour nos enfants. Mon ministre des affaires étrangères, à Paris la semaine dernière, a rappelé une phrase du président Bouteflika : « les relations algéro-françaises peuvent être bonnes, elles peuvent être mauvaises, mais elles ne seront jamais banales ». Pour l'ambassadeur d'Algérie que je suis, c'est une mission particulière que de représenter une Algérie libérée, souveraine, fière, mais qui tend la main à la France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion