Intervention de Philippe Bonnecarrere

Commission des affaires européennes — Réunion du 7 mars 2017 à 17h05
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen des 9 et 10 mars 2017

Photo de Philippe BonnecarrerePhilippe Bonnecarrere :

Monsieur le secrétaire d'État, je tiens tout d'abord à saluer la bonne volonté et la disponibilité dont vous avez toujours fait preuve envers le Parlement. Vous avez répondu à nos diverses invitations et vous vous êtes montré attentif aux questions que nous vous avons soumises. Je vous en donne volontiers acte.

Comme tous mes collègues du groupe UDI-UC, j'attache une très grande importance à la construction européenne. Cette question déterminera dans une mesure importante les positions que nous serons conduits à prendre dans le cadre de l'élection présidentielle.

À cet égard, au nombre des éléments à nos yeux essentiels figure le respect des engagements pris par notre pays.

Monsieur le secrétaire d'État, je ne partage pas forcément le bilan que vous venez de faire de l'action menée au cours de ce quinquennat au regard de nos engagements européens, qu'il s'agisse du respect des différents ratios budgétaires ou de la difficulté, voire de l'impossibilité, pour notre pays, de se réformer. Il est peut-être un peu facile, notamment en ce qui concerne les critères budgétaires, de se borner à tirer les conséquences de la baisse des taux d'intérêt, des mesures prises à l'égard des collectivités locales ou de la diminution de notre contribution au budget européen. La réalité, c'est que notre pays s'est très peu réformé durant ce quinquennat et ne s'est pas mis en mesure de respecter ses engagements européens. Ce dernier point me paraît d'ailleurs être l'un des critères les plus importants dans la perspective de l'élection présidentielle.

Vous avez souligné l'importance du couple franco-allemand, monsieur le secrétaire d'État, mais pour que ce couple soit solide, encore faut-il, j'y insiste, que nous respections nos engagements. Il est tout à fait illusoire de parler de couple franco-allemand quand notre pays connaît une croissance de 1,1 % alors que celle de l'Allemagne atteint 1,9 %. La modernisation de la société française est à mon sens indissociable des positions que nous prenons au sein des instances européennes.

Je partage vos propos concernant la politique commerciale de l'Europe, tout en invitant à la cohérence entre les positions que nous pouvons exprimer sur ce point et le contenu des plateformes électorales : il s'agit d'être pédagogues et de traiter vraiment nos concitoyens en adultes.

Notre groupe partage ce qui a été dit concernant l'importance de mettre en place une politique européenne de défense. Nous sommes assez sensibles sur ce sujet à la logique du « pas à pas ». Si nous connaissons le poids des souverainetés dans ce domaine, des points nous paraissent pouvoir être tranchés, qu'il s'agisse de la coordination industrielle ou de ce que j'appellerai les éléments de revue capacitaire.

Sans vouloir refroidir l'enthousiasme général pour la mise en oeuvre d'une politique européenne de défense, j'observerai que celle-ci ne doit pas servir à masquer nos responsabilités franco-françaises. Pour être crédible dans la construction d'une politique européenne de défense, notre pays doit faire sa part en matière de disponibilité de ses équipements militaires ou d'effort pour tendre vers 2 % du budget consacrés à la défense. Bien que ce dernier point paraisse faire consensus, nous sommes encore loin d'une remontée en puissance.

Je partage les points de vue qui viennent d'être exprimés sur l'effort à faire en matière de protection des frontières européennes. Le chantier est encore considérable pour que, au-delà des principes, soient atteints les résultats que nos concitoyens sont en droit d'attendre.

Au-delà des grandes déclarations qui seront faites à l'occasion du soixantième anniversaire du traité de Rome, il convient à mon sens, je le redis, d'avancer pas à pas. Il me semble que notre pays ne pourra se permettre de telles déclarations sur la scène européenne que lorsqu'il aura retrouvé sa crédibilité.

Définir une politique européenne est essentiel ; je la souhaite la plus ambitieuse possible, mais elle ne pourra être mise en oeuvre que si nous réalisons enfin l'effort de modernisation qui n'a pas été accompli durant ce quinquennat.

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