Intervention de Bariza Khiari

Réunion du 6 décembre 2008 à 14h00
Loi de finances pour 2009 — Compte spécial : « gestion et valorisation des ressources tirées de l'utilisation du spectre hertzien »

Photo de Bariza KhiariBariza Khiari :

Le ralentissement économique actuel aura de nécessaires répercussions sur le dynamisme de ce secteur. Cela appelle donc un effort supplémentaire pour maintenir une position qui nous est enviée. Or tel ne paraît pas être le cas, monsieur le secrétaire d’État, dans le budget que vous nous présentez.

Notre pays semble jouir, pour l’heure, du privilège d’intemporalité. Il nous revient d’agir de manière à faire perdurer cet état de fait en promouvant nos territoires et leurs multiples qualités, notamment dans les pays émergents dont les populations constitueront, demain, notre clientèle. D’où l’importance du travail de Maison de la France.

Outre l’aspect du nombre de touristes, la promotion de notre pays suppose de s’intéresser aussi au montant dépensé par touriste et, donc, d’aller chercher les touristes à forte contribution. Or, sur ce point, nous n’avons guère de raisons de pavoiser : nos recettes touristiques sont inférieures à celles de l’Espagne ou des États-Unis !

L’Organisation mondiale du tourisme, l’OMT, nous alerte sur un brutal coup d’arrêt à la croissance enregistrée ces dernières années : de 4 % à 5 % par an, nous passerions à 2 % seulement. En période de crise, il faut non se désengager, mais investir davantage. C’est à ce prix qu’on est prêt quand vient la relance.

Le présent projet de budget fixe les dépenses à 59, 3 millions d’euros en autorisations d’engagement et à 64, 1 millions d’euros en crédits de paiement. De fait, à périmètre constant, si l’on prend en considération le budget initial de 2008, on note que les crédits du programme « Tourisme » baissent respectivement de 10, 6 % et de 8, 3 %. Certes, cette chute résulte essentiellement de transferts de crédits consécutifs à la mise en œuvre des décisions prises dans le cadre de la RGPP. Ainsi, la baisse de plus de 80 % des crédits de l’action « Soutien du programme Tourisme » résulte du transfert des crédits de fonctionnement sur un autre programme.

Toutefois, cette trop faible part du tourisme dans le budget de l’État, à peine 0, 02% des dépenses, l’équivalent de certains budgets départementaux, ne donne pas la mesure de l’importance de ce secteur.

Je sais que le soutien de l’État au tourisme ne se limite certes pas aux seuls crédits du département ministériel chargé de ce secteur ; d’autres ministères y participent aussi.

Au-delà des crédits de l’État, les représentants institutionnels du tourisme – comités régionaux et départementaux du tourisme, offices de tourisme et syndicats d’initiative – mobilisent également des fonds publics, qui se sont élevés à 844 millions d'euros en 2007. Les principaux acteurs du développement touristique sont bien les collectivités territoriales.

Cependant, il importe de coordonner ces actions pour optimiser les résultats, ce qui, pour l’heure, relève du vœu pieu. Notons qu’avec l’ensemble de ces dépenses le tourisme représente une activité où, pour chaque euro investi, 12 euros sont gagnés. Peu de secteurs peuvent se vanter d’une telle rentabilité.

Plusieurs éléments de ce budget me laissent plutôt perplexe.

D’abord, les ressources de Maison de la France n’augmentent que de 1 %, soit moins que l’inflation. Cette institution, qui accomplit un travail de grande qualité, fondé sur des études marketing très pointues, est confrontée à une concurrence rude. Son rôle, fondamental dans les mois à venir, méritait d’être conforté par un budget nettement en hausse.

Certes, des améliorations dans son fonctionnement sont à prévoir. Il n’est pas vain de penser à restructurer les partenariats avec les entreprises privées de manière à accroître la lisibilité de cette institution.

Le site dont elle a la gestion, pour l’heure déficitaire, quoique très fréquenté, gagnerait à être le portail unique vers la France et à créer des partenariats avec d’autres sites comme celui de .

Ensuite, je partage les inquiétudes de notre rapporteur sur les difficultés des agences de voyage. Ce métier subit une transformation profonde : l’e-commerce et l’évolution du comportement des consommateurs induisent des changements structurels majeurs. Dans la mesure où le nouveau modèle économique est coûteux en investissements technologiques et en formations, il faut aider cette profession à passer un cap difficile.

Les crédits de l’action « Politiques favorisant l’accès aux vacances » sont portés à 4, 36 millions d'euros en autorisations d’engagement et à 4 millions d'euros en et crédits de paiement. Force m’est de reconnaître une légère augmentation et de saluer cet effort louable sur un budget en baisse. Cela dit, cette action représente 7 % du budget « Tourisme », lequel, je le répète, ne représente lui-même que 0, 02 % du budget de l’État.

Je regrette qu’en cette période de contraction du pouvoir d’achat pour un certain nombre de nos concitoyens le Gouvernement ne songe pas à donner davantage aux plus démunis.

Je terminerai par trois remarques.

Premièrement, je déplore, une nouvelle fois, sans doute comme vous, monsieur le secrétaire d'État, la faible diffusion des chèques-vacances dans les PME-PMI.

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