Intervention de Jan Dobrzynski

Commission des affaires européennes — Réunion du 22 mars 2017 à 15h00
Institutions européennes — Échange avec une délégation de la commission des affaires étrangères et des affaires de l'union européenne du sénat polonais

Jan Dobrzynski :

À la veille du soixantième anniversaire de la signature du traité de Rome, le monde a changé ; nous traversons à nouveau une époque d'interrogations sur la paix et la sécurité. La stratégie globale de l'Union européenne doit nous donner les moyens de choisir des priorités sur la scène internationale, de parler d'une seule voix face à la vague migratoire, le terrorisme, les conflits et les menaces hybrides.

Nous n'ignorons pas la situation en Libye et les défis auxquels les pays d'Europe du Sud sont confrontés ; néanmoins, nous attirons aussi votre attention sur les frontières orientales de l'Europe. Nous sommes particulièrement inquiets de l'agression de la Russie contre l'Ukraine et des actions de Moscou visant à empêcher le rapprochement entre les pays d'Europe orientale et l'Union européenne.

Le président Bizet a rappelé le poids de l'Histoire dans notre attitude vis-à-vis de la Russie. Cette attitude n'est pas pour autant le produit d'un gène anti-russe, mais celui d'une analyse des agissements du président Poutine. Nous connaissons bien la Russie, et le comportement de ce dernier diffère peu de celui de ses prédécesseurs : la Russie a toujours provoqué des conflits. Il est vrai que nous en parlons ouvertement et régulièrement, ce qui peut nous faire paraître hostiles à ce pays ; mais beaucoup de Russes vivent en Pologne, et les relations humaines avec les citoyens russes sont tout à fait satisfaisantes, même si la liberté d'expression de ces derniers est limitée. État dominant de la région, la Russie a la capacité d'entraîner les pays voisins dans des guerres sanglantes ; c'est une situation analogue qui prévalait aux temps de l'Union soviétique et des tsars.

L'Union européenne doit poursuivre son soutien au développement économique de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie, et garantir la sécurité de nos voisins à l'Est. J'espère que l'Ukraine sera en mesure, comme l'affirme son président, de combattre l'oligarchie et la corruption rampante ; mais il est possible qu'elle n'y parvienne pas sans soutien international. C'est un vaste pays, en proie à de grandes difficultés : il faudra de la patience. La sécurisation de la région renforçant la sécurité de l'Union européenne, nous attendons avec impatience la mise en oeuvre des premières étapes de la stratégie globale.

Les relations avec la Russie reposent sur cinq principes fixés par le Conseil européen : la mise en oeuvre intégrale de l'accord de Minsk ; le renforcement du partenariat oriental ; celui de la résilience de l'Union européenne en matière de sécurité stratégique, face aux menaces hybrides, au changement climatique, aux migrations ou encore au terrorisme ; une coopération sélective avec la Russie sur les questions présentant un intérêt pour l'Union européenne, notamment dans les Balkans, en Afghanistan ou en Syrie ; enfin, le soutien au développement de la société civile en Russie et des relations entre les citoyens russes et européens.

Dans le cadre de la révision de la politique de cohésion de l'Union européenne, nous avons mis l'accent sur la lutte contre le terrorisme et la coopération avec le Liban et la Tunisie. Des experts de l'antiterrorisme ont été dépêchés dans le Sahel et le champ de compétences des autorités européennes a été renforcé pour lutter contre l'immigration illégale. La formation du corps de garde-frontière européens a commencé.

80 % des Polonais étant favorables à l'Union européenne, il convient de renforcer la coopération avec les pays dont les positions sont analogues. Nous partageons les objectifs de la stratégie globale de la défense. Nous sommes particulièrement satisfaits du récent déploiement de forces de l'OTAN dans notre pays, qui comportent un contingent français - et je remercie la France et son Sénat d'avoir soutenu notre demande. C'est un outil de dissuasion en ces temps critiques. N'ayons pas peur des défis ; au contraire, faisons en sorte que dans soixante ans, l'Union européenne soit restée fidèle à des valeurs qu'elle a portées pendant des siècles.

Enfin, un mot sur le contexte budgétaire. La Pologne a consenti un effort important en matière de défense : nous devons être bien préparés militairement, même si nous pouvons compter sur l'aide de l'OTAN et de l'Union européenne. La principale menace vient de l'Est, mais la Pologne est prête à faire face à ses engagements dans les autres régions du monde, notamment en Syrie.

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