Je vous remercie de nous donner l'opportunité d'exposer nos convictions quant aux travaux en cours, rappelés par M. Bernard Fontana. Tout d'abord, je tiens à souligner que la démarche dans laquelle nous sommes engagés est vertueuse et qu'elle n'est absolument pas liée à l'âge de nos réacteurs, puisque les sujets évoqués par M. Bernard Fontana concernent des fabrications de composants neufs des trente dernières années, les réacteurs concernés pouvant donc aller de Fessenheim jusqu'à Civaux, le réacteur le plus jeune actuellement en exploitation sur le parc, ou même Flamanville 3. Cette démarche consiste à mieux appréhender des phénomènes qu'il est important de mieux connaître. Mais aussi, pardonnez-moi l'expression, à nettoyer des erreurs commises par le passé, mises en évidence récemment, et dont il est fondamental de connaître et d'apprécier les éventuelles conséquences.
Aussi, je tiens à distinguer deux sujets très différents. Le premier sujet porte sur les ségrégations carbone positives, sur la cuve ou le couvercle de Flamanville 3, ou, plus récemment, sur des générateurs de vapeur, dont le fond a été fabriqué dans les années 1990 et 2000, en sous-traitance d'AREVA, par le forgeron japonais JCFC (Japan Casting and Forging Corporation). Il s'agit d'un sujet technique, comme nous en rencontrons périodiquement dans le domaine nucléaire. Nous avions ainsi rencontré, dans les années 1980, le sujet des fissurations des pénétrations de couvercles, le sujet des broches de tubes guides, plus récemment, à la fin des années 1990, le sujet des fissurations de tuyauteries sur le circuit de refroidissement de nombreux réacteurs, ou, à la fin des années 2000, le sujet de défaillances d'alternateurs ou transformateurs.
Ces sujets présentaient deux différences importantes avec celui des ségrégations positives de carbone. D'une part, dans le cas de ces dernières, nous n'avons pas affaire à des défaillances de composants, comme dans les exemples précédents, mais à des interrogations sur la tenue des composants - les générateurs de vapeur - en situation accidentelle ou incidentelle, ce qui est très différent, puisque les composants en question fonctionnent parfaitement aujourd'hui. D'autre part, le sujet des ségrégations de carbone est connu et avait été, d'une certaine façon, réglé par le passé, au travers d'exigences de fabrication, mais probablement de manière insuffisante à l'époque.
On voit aujourd'hui que le sujet mérite d'être mieux appréhendé et compris. Les actions lancées pour ce faire sont très intéressantes. Elles font d'ailleurs l'objet d'un véritable intérêt mondial. En témoigne le fait que l'institut de recherche américain fédérant les recherches effectuées dans le monde entier dans le domaine nucléaire, l'Electric Power Research Institute (EPRI), s'est emparé lui-même de ce sujet qui dépasse largement le secteur nucléaire français.
Il existe un deuxième sujet d'une toute autre nature : celui de la qualité de fabrication au Creusot. Il s'agit d'un sujet bien distinct, qui met en évidence des irrégularités commises dans les processus de fabrication de certaines pièces forgées, irrégularités de différentes natures et importance, mais qui ne sont pas acceptables dans le domaine nucléaire. La question prioritaire qu'EDF traite, en tant qu'exploitant responsable de ses installations, consiste à mesurer l'impact de ces irrégularités sur la sûreté de ses réacteurs.
Dès avril 2015, nous avons appelé AREVA à faire une réelle opération « vérité », notamment à mener des audits au Creusot, quelles qu'en soient les conséquences. Nous sommes satisfaits que les choses se déroulent ainsi. Pour mieux comprendre, nous revenons sur la chronologie de la situation rencontrée, sous l'angle de notre responsabilité d'exploitant. Concernant Flamanville 3 tout d'abord, Laurent Thieffry, le responsable du projet, va faire un point rapide de la situation à date.