En avril 2016, donc deux mois plus tard, l'analyse par l'ASN des dossiers que nous avions présentés concernant le risque d'un phénomène de ségrégation carbone positive sur les fameux fonds JCFC équipant les générateurs de vapeur de douze réacteurs, nous a conduits à mener un certain nombre de contrôles sur les équipements en question, lors des arrêts pour rechargement, en commençant avec des techniques dont nous disposons, par des contrôles de présence éventuelle de défauts - ceux-ci ont tous montré l'absence de défaut - et, là où ils sont réalisables par des techniques non destructives, des contrôles de taux de carbone en peau externe. Le développement de telles techniques et leur mise en oeuvre nous ont conduits, fin juillet, à revoir une première fois notre trajectoire de production pour l'année 2016. En août 2016, nous avons pu faire des contrôles de taux de carbone en fonds des générateurs de vapeur sur un réacteur, et plus seulement en entrée des tubulures d'eau dans la partie basse du générateur de vapeur. Cette dernière partie reste cependant la plus sensible, car la plus sollicitée mécaniquement. Nous avons mis en évidence un taux de carbone plus élevé qu'attendu sur ces fonds, en particulier plus élevé qu'à Flamanville 3 ou qu'au niveau des tubulures. Cette découverte a été ensuite confirmée sur un second réacteur, mettant en évidence un effet potentiellement générique sur cette famille de fonds. Ceci nous a conduit à revoir à nouveau notre trajectoire de production en septembre, car nous avons mesuré assez vite qu'il nous fallait nous assurer que l'on pouvait redémarrer en toute sûreté les sept réacteurs qui étaient en arrêt, ou sur le point de l'être.
Nous avons donc travaillé d'arrachepied pour analyser ces constats. Un tel dossier s'appuie en fait sur trois approches complémentaires : une caractérisation des constats sous un angle métallurgique, une caractérisation mécanique - on suppose un effet conventionnel et on passe un certain nombre de transitoires incidentelles ou accidentelles - et, enfin, des contrôles ou des éléments de démonstration permettant de confirmer l'absence de défauts initiaux, puisqu'en leur absence il n'existe pas de risque. Le 7 octobre, nous avons envoyé un dossier complet sur le sujet, démontrant qu'on peut redémarrer en toute sûreté. Ce dossier est en cours d'instruction par l'ASN. Nous sommes confiants en son aboutissement. Le contrôle sous trois mois, que nous avons proposé et qui a été accepté par l'ASN, des cinq autres réacteurs de la famille JCFC, a pour objectif de s'assurer qu'ils restent dans l'enveloppe du dossier présenté.
Nous ne nous arrêterons cependant pas là, comme pour Flamanville 3 ou Fessenheim 2, nous allons mener dans les mois qui viennent un travail complet de caractérisation, afin de mieux appréhender la nature mais aussi les caractéristiques réelles des matériaux considérés, via notamment des pièces sacrificielles, afin de reproduire le phénomène conduisant au constat effectué. En effet, le dossier actuellement présenté prend en compte des hypothèses pénalisantes, plus sévères que celles réellement présentes. Il est important de revenir à des caractéristiques réalistes, afin de mieux appréhender les marges réelles.
À l'été 2016, compte tenu de tous les questionnements apparus sur le sujet du Creusot, nous avons entrepris la relecture complète des dossiers de fabrication des générateurs de vapeur que nous nous apprêtions à monter sur le réacteur numéro cinq de Gravelines. Cette relecture a mis en évidence, sur un dossier non barré concernant un générateur de vapeur, comme l'a signalé M. Bernard Fontana, pour une fabrication qui remonte au début des années 2010, une irrégularité majeure, dont l'origine est inacceptable. Bien évidemment le générateur de vapeur en question n'a pas été monté et le réacteur reste à l'arrêt. Nous attendons la fin de fabrication de la triplette suivante, commandée pour un autre réacteur, pour récupérer un générateur de vapeur, afin de pouvoir réaliser l'opération sur Gravelines 5.
Ce point montre qu'il sera nécessaire d'analyser l'ensemble des dossiers non barrés, comme rappelé par M. Bernard Fontana. Ce travail de relecture de tous les dossiers de fabrication prendra un an. L'expérience montre, par exemple sur le cas de Flamanville 3, que ce travail aura des impacts sur les deux ans qui viennent et qu'il faut s'attendre à des découvertes du type de celles survenues sur le générateur de vapeur de Fessenheim 2, et donc à des questionnements du même type.