Intervention de Jean-Jacques Filleul

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 31 mai 2017 à 9h35

Photo de Jean-Jacques FilleulJean-Jacques Filleul :

Je veux d'abord féliciter les deux co-rapporteurs pour ce travail intéressant. J'ai participé à quelques réunions préparatoires et c'était toujours positif. On touche là à un sujet qui nous concerne tous mais je m'en tiendrai à quelques idées générales.

Il me semble positif que le Sénat fasse une proposition au ministre en matière d'aménagement du territoire ; la vision de l'État et du territoire a été largement développée par le Président de la République pendant la campagne électorale. Beaucoup de points que vous proposez seront considérés avec pragmatisme et intérêt par le Gouvernement.

On a beaucoup expliqué lors de notre réunion de la semaine dernière le vote en faveur du Front national par le sentiment d'insatisfaction en matière d'aménagement du territoire. Il y a certes nombre d'exemples d'insatisfaction, mais les tendances diffèrent selon les territoires. La ville de 12 000 habitants dont j'ai été maire pendant 31 ans bénéficie de tous les services, mais le Front national y a augmenté progressivement pour atteindre 1 500 électeurs sur 8 000. Je pose la question aux maires du département dont je suis élu et ils expriment de la colère et de la déception face à ces scores, car ils trouvent cela injuste ; ils font du bon travail. Leurs villages sont accueillants, agréables mais le Front national y recueille pourtant beaucoup de suffrages.

Globalement, ce n'est pas forcément l'aménagement du territoire qui est en jeu dans cette situation, mais la confiance dans notre pays et dans ses institutions. L'aménagement du territoire contribuerait à lutter contre cette tendance, mais ce n'est pas suffisant, il faut surtout développer une vision positive de la France. On y est tous partie prenante, dans notre manière de nous exprimer sur les territoires, sur les manquements ; nous sommes tous responsables de cette vision négative et nous devons être capables d'être positifs dans tous nos secteurs d'intervention, y compris au sein du Sénat.

Sans doute, il manque des médecins et l'organisation des services publics n'est pas partout satisfaisante, mais de nombreux efforts ont été faits, notamment par les régions. Je suis d'accord avec l'idée du binôme région-EPCI, mais cela ne signifie pas que les départements doivent être oubliés. Dans un secteur rural, le département joue son rôle d'aménagement du territoire. Il faut donc envisager les choses de manière pragmatique. Une loi ne peut s'imposer partout de la même manière, j'en suis convaincu.

Dans la perspective que vous proposez, messieurs les co-rapporteurs, le département jouera son rôle. En Indre-et-Loire, il existe maintenant une métropole, Tours, mais elle ne participera pas à l'aménagement du territoire, à la différence de Nantes, de Rennes, de Lyon et des autres vraies métropoles. Néanmoins, la petite métropole doit jouer son rôle par rapport aux territoires ruraux.

Il n'y a pas, il ne peut pas y avoir une France coupée en deux. Je refuse cette expression. Il y a une France rurale, qui vit parfois très bien, souvent mieux que ce que l'on dit, et des France urbaines, qui ne vivent pas toujours bien. Là encore, faisons preuve de modération et de pragmatisme et définissons correctement nos objectifs.

Ce document sera, je pense, lu avec intérêt par le ministre et j'espère qu'il sera pris en compte parce qu'il le mérite, par les dix axes de recommandations que vous faites, monsieur le président, monsieur de Nicolaÿ.

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