Intervention de Nelly Tocqueville

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 31 mai 2017 à 9h35

Photo de Nelly TocquevilleNelly Tocqueville :

Je tiens également à vous féliciter pour le travail accompli, car ce sujet nous tient tous à coeur. En tant que sénateurs, nous représentons les territoires, et nous le revendiquons.

Je partage les observations de M. Filleul, je ne suis pas tout à fait d'accord pour faire une lecture uniquement pessimiste des territoires. Dans tous les territoires, et dans les territoires ruraux en particulier, de nombreuses initiatives sont prises pour créer, inventer, voire réinventer, une dynamique ; je pense à l'économie sociale et solidaire en vue de réimplanter des commerces, des activités de proximité. Certes, ces initiatives peuvent sembler des gouttes d'eau dans l'océan, mais elles sont en réalité essentielles sur le plan local. C'est une manière de réintroduire de l'activité, de redynamiser les bourgs, les centres-bourgs, et d'inciter les habitants à revenir vers des activités de proximité.

Par ailleurs, je suis, comme vous tous, attristée par l'importance du vote Front national. Celui-ci est arrivé en tête au premier tour dans ma commune qui appartient à la métropole Rouen-Normandie comprenant 500 000 habitants. Même si l'on ne peut s'en satisfaire, ce fut rassurant de constater que ce ne fût pas le cas au second tour.

Au sein de la métropole, on observe que ce sont les territoires ruraux les plus éloignés de la ville-centre qui ont voté pour le Front national, y compris au second tour. On ne peut pas faire comme si le problème n'existait pas. Pourtant, ma commune ne rencontre pas de difficultés particulières, ne subit pas d'arrivées massives de migrants, bénéficie de nombreux services de proximité au niveau de la métropole et au niveau local et ne connaît pas de sentiment d'abandon. En fait, les habitants ont des peurs diffuses, qu'ils ne savent pas expliquer. Les médias jouent aussi un rôle et les réseaux sociaux ont des conséquences absolument dramatiques. Cette situation doit nous inciter à engager une réflexion sur ce sujet. Toutefois, plus les causes sont diffuses, plus il sera difficile de trouver des réponses.

Pour en revenir au rapport d'information, je veux vous interroger sur un point qui n'a pas été soulevé - c'est peut-être volontaire ! - concernant l'urbanisation des territoires.

Il importe d'avoir une réflexion sur les territoires, notamment ruraux. Aujourd'hui, les communes sont intégrées dans des documents d'urbanisme, les plans locaux d'urbanisme (PLU) bien sûr, mais aussi les schémas de cohérence territoriale (SCoT), les plans locaux d'urbanisme intercommunaux (PLUI). L'aménagement du territoire devrait contribuer à trouver des solutions en matière de revitalisation des centres-bourgs, de réimplantation de commerces et d'activités économiques, ce qui aurait des effets sur la revitalisation des écoles, chaque service en entraînant un autre. Tout cela suppose bien évidemment l'aménagement des réseaux de transport. Il y a des solutions : nous avons installé un transport à la demande dans la métropole de Rouen, et tous les territoires sont desservis.

Il convient donc de réfléchir aux solutions qui n'existent pas encore aujourd'hui ou qui existent dans d'autres pays. Cette synergie des forces est l'une des solutions. Il n'y a pas une solution ; il y a des solutions. Les zones de montagne ne sont pas des zones de plaine. Mais il faut tirer bénéfice des expériences menées dans certains territoires, car elles sont de nature à aider d'autres territoires à nourrir leur réflexion.

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