Intervention de Jérôme Bignon

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 31 mai 2017 à 9h35

Photo de Jérôme BignonJérôme Bignon :

On n'a pas beaucoup de statistiques sur cette question. En liaison avec la commission des affaires économiques, on pourrait travailler sur ce sujet pour connaître la nature des terres agricoles qui disparaissent et réfléchir à la manière dont on pourrait les protéger. C'est fort bien de développer l'activité agricole, mais si l'on n'a pas assez de terres pour satisfaire les besoins de la population, à quoi cela servira-t-il ?

Pour rejoindre les propos de Mme Tocqueville, il faut considérer l'urbanisation et les problèmes des nouveaux équipements à l'aune de ces mesures. On ne peut pas parler de compensation, en étant extrêmement exigeant sur les mesures de compensation à prendre dans le cadre des nouvelles lois adoptées, sans attacher une importance particulière à la consommation délirante de terres agricoles de bonne qualité. Et, dans le même temps, on ne peut plus construire : dans les zones rurales, on vous enquiquine de façon diabolique pour boucher une dent creuse, ce qui crée un sentiment d'abandon. Je suis frappé par tous ces paradoxes. Il faudrait réfléchir aux questions de désertification, d'urbanisation, de consommation de terres agricoles en vue de trouver des propositions intelligentes. Pour utiliser un terme grec, il s'agit de saisir le kairos : c'est le moment d'agir. L'excellent rapport d'information, que je salue, vient à point nommé.

Je dirai deux ou trois choses positives, car il ne faut pas non plus voir tout en noir et céder à l'idée d'un abandon permanent.

La cause de l'abandon est, c'est certain, plus rurale qu'urbaine. Les grandes agglomérations votent peu pour le Front national, contrairement aux zones rurales. Mais les zones rurales comprennent des zones profondément désertifiées - je pense à la Creuse, par exemple - et des zones qui se portent bien, où il y a du travail, des commerces, des médecins. Or celles-ci votent aussi Le Pen avec le même entrain, mais probablement pas pour les mêmes raisons. L'analyse de Mme Tocqueville est intéressante. Des sociologues et des politologues devraient interroger ces électeurs pour savoir fondamentalement pourquoi ils font ce choix. On dit toujours que l'on va régler le problème, mais il faut que nous disposions d'instruments scientifiques.

Dans le chef-lieu de canton dans lequel j'habite, on est en train d'agrandir la maison médicale : pour 1 200 habitants, il y a cinq médecins, trois bouchers, deux boulangers, un Intermarché qui draine 15 000 clients, et les habitants votent massivement pour le Front national. Allez comprendre...

Permettez-moi d'aborder la question de l'informatique à l'école. L'informatique dans les écoles est un point extrêmement important. Dans la Somme, des études ont été réalisées sur des cohortes d'élèves ayant disposé d'un matériel informatique du CP au CM2. On constate que 15 % de collégiens en plus obtiennent leur brevet. Il faut faire des investissements massifs dans les écoles. Ne pas le faire revient à ne pas donner aux personnes malades le vaccin existant, faute de moyens. L'informatique est vraiment un vaccin contre l'échec scolaire. Certes, des résistances se font sentir : les enseignants en partie, quelques élus un peu old-fashioned. Mais, globalement, on doit pouvoir impulser ce mouvement.

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