« De même, il y a des votes protestataires qui se sont exprimés en métropole comme en outre-mer ; il faut les entendre. Il y a aussi un vote identitaire, qui s’est notamment exprimé en Corse : on peut être, comme je le suis, intransigeant sur les principes républicains sans être, pour autant, ignorant des diversités et des aspirations à la reconnaissance.
« La France est partout dans le monde grâce à ses outre-mer, sur tous les continents et dans tous les océans du globe. Voilà une richesse, voilà une chance, voilà un défi, aussi ! Les assises de l’outre-mer seront l’occasion pour l’ensemble du Gouvernement d’être à l’écoute des attentes de chaque territoire et de concevoir ensemble les plans de convergence prévus par la loi pour l’égalité réelle des outre-mer.
« Pour ce qui concerne l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, cette mandature sera celle de l’aboutissement de l’accord de Nouméa signé il y a vingt ans. S’il n’est pas saisi d’ici mai prochain par le Congrès, le Gouvernement, comme le prévoit la Constitution, organisera la consultation pour l’accession à la souveraineté au plus tard en novembre 2018. L’État jouera pleinement son rôle d’acteur et de garant de ce processus pour conforter le “ destin commun ” inscrit dans le préambule de l’accord. C’est un engagement personnel que je prends ici, honoré de reprendre le flambeau de Michel Rocard et de quelques autres après lui.
« La confiance, enfin, c’est tout ce qui nous rassemble.
« La France est une nation. Et une nation n’est ni une juxtaposition de territoires ni une addition de communautés, et encore moins une somme d’individus.
« Une Nation est une adhésion à des valeurs, à une histoire, à une géographie. C’est une culture qui s’assume et se transmet. Être Français, c’est reconnaître des valeurs et partager une culture.
« C’est reconnaître que la laïcité est une exigence pour la puissance publique, celle de la neutralité absolue à l’égard des cultes. C’est aussi rappeler qu’elle est surtout, pour chacun sur le territoire de la République, une liberté : la liberté de conscience individuelle, la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de pratiquer un culte ou de n’en suivre aucun. Le Gouvernement n’acceptera pas que ce principe fondateur soit attaqué, remis en cause ou instrumentalisé. Il le fera respecter sans outrance, en se gardant de provoquer, mais avec une fermeté qui repose sur l’idée simple que la laïcité est, au fond, une condition de ce que nous sommes : la France.
« Ce qui nous rassemble, c’est aussi la culture.
« C’est notre langue, c’est notre patrimoine, c’est ce que nous partageons, c’est ce qui fait que la France est admirée et aimée dans le monde. C’est ce que détestent les porteurs de haine qui, à plusieurs reprises, ont attaqué notre pays.
« Et s’ils détestent autant cette culture et ce mode de vie, s’ils haïssent les dessins, les livres, la musique et les spectacles, c’est qu’ils les savent une source inépuisable de réflexion, d’émancipation et de bonheur. Ils savent qu’ils sont libérateurs.
« Ne nous y trompons pas : la formation dès le plus jeune âge à la culture et à la création rend libre. En les familiarisant avec la longue histoire des arts, en leur faisant découvrir les lieux de culture, en leur apprenant à décrypter l’époque et à découvrir notre héritage, nous élevons l’âme de nos enfants et nous renforçons la cohésion de notre pays. De concert, les ministres de l’éducation nationale et de la culture feront de ce chantier une priorité absolue.
« De même, lire rend libre. Plus encore que sous les ors de ses palais, la République vit dans ses bibliothèques. Nous voulons rester, redevenir peut-être, une nation de lecteurs en nous inspirant des initiatives remarquables menées par de nombreuses collectivités territoriales.
« Accéder aux œuvres et à la création rend libre. Notre époque bouleverse les modes de diffusion des œuvres : c’est à la fois une chance et un défi. Profitons-en pour faciliter le plus large accès possible aux biens culturels, avec notamment la création d’un Pass-culture pour les jeunes, comme l’a proposé le Président de la République. Mais ouvrons aussi le débat avec les acteurs géants du numérique dans le cadre européen pour assurer aux artistes les moyens de vivre de leur création et pour participer au financement de cet accès aux œuvres.
« Mesdames, messieurs, la France peut renouer avec la confiance. Elle en a, j’en suis certain, les moyens. Elle en a, j’en suis convaincu, l’envie. Elle doit aussi en avoir le courage.
« Le courage, voilà le deuxième grand axe qui organise le travail du Gouvernement.
« Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas du courage du Gouvernement, ou de celui de la majorité, ou de celui du Parlement. Il s’agit du courage dont nous devons collectivement faire preuve, nous, Français, pour être à la hauteur des enjeux. Les Français sont courageux. »