« Ils l’ont été face au terrorisme : pas seulement les policiers, les gendarmes, les militaires ou les douaniers qui luttent contre cette menace et qui en sont trop souvent les cibles, tous les Français ! Face au danger, ils n’ont pas voulu changer leurs habitudes, encore moins renoncer à leurs valeurs. Il y a dans notre pays une forme de courage tranquille mais réel dont nous pouvons être fiers.
« La menace est partout, diffuse. Pas un mois ne passe sans que des projets ne soient éventés ou des actes empêchés.
« Ayons en cet instant une pensée pour les victimes – plus de 200 tués sur notre sol, des centaines de blessés –, pour leurs proches, qui doivent apprendre à vivre avec la douleur, avec la peine et avec l’absence.
« Je veux rendre hommage à tous ceux que nous voyons, policiers, gendarmes, militaires de l’opération Sentinelle, veiller chaque jour sur notre sécurité. À ceux qui combattent sur les théâtres d’opérations extérieures au Sahel ou au Levant. Et à tous ceux que nous ne voyons pas et ne connaîtrons jamais, nos soldats de l’ombre, dont nous pouvons être fiers. Beaucoup sont tombés au service de notre liberté.
« Je veux leur dire à tous que nous leur donnerons les moyens de nous défendre. Comme s’y est engagé le Président de la République, une loi de programmation militaire sera adoptée dès 2018. Elle portera l’effort de défense à 2 % du PIB d’ici 2025 et permettra à la France de se battre sur tous les fronts.
« Mais je tiens à vous le dire sans détour : il y aura d’autres attaques, d’autres drames, d’autres vies innocentes fauchées.
« Nous ne nous y habituerons jamais. Nous ne baisserons pas la garde. À l’image des Français, nous affronterons cette menace avec une calme et froide détermination.
« Nous lutterons contre les terroristes avec la plus extrême dureté, sans renier ce que nous sommes : un État de droit et, qui plus est, la République française, une République qui ne peut pas vivre dans un état d’urgence permanent !
« C’est pourquoi le Président de la République nous a demandé de préparer la sortie de l’état d’urgence au plus tard le 1er novembre prochain, avec un projet de loi renforçant l’efficacité de notre arsenal législatif contre le terrorisme, sous le contrôle rigoureux du juge.
« En parallèle, le ministre de l’intérieur et la garde des sceaux travailleront ensemble pour faire reculer l’insécurité. Au printemps 2018, après des expérimentations, ils porteront ensemble un projet de réforme reposant sur des procédures simplifiées, afin que les forces de sécurité soient libérées de la complexité administrative. Établir une véritable police de sécurité du quotidien, c’est aussi une condition pour rétablir la confiance.
« Le courage, c’est aussi de regarder en face le défi migratoire.
« La pression qui s’exerce aux frontières, dans les Alpes-Maritimes, dans le Calaisis, à Mayotte, en Guyane, qui s’exerce aussi au cœur même du territoire national, comme à Paris, porte de la Chapelle, crée des tensions considérables et lourdes de dangers pour l’ordre public.
« Cette pression ne faiblira pas : les conflits et l’insécurité économique au Moyen-Orient et en Afrique, les risques liés au climat, les réseaux qui prospèrent en exploitant le malheur et la misère, tout contribue à l’alimenter.
« Face à cette situation, la France s’est révélée incapable de remplir ses obligations juridiques et morales.
« Les demandeurs d’asile relevant effectivement de la convention de Genève attendent l’octroi d’un statut durant de longs mois et dans des conditions parfois honteuses. Les autres, qui sont en réalité des migrants économiques, sont rarement éloignés quand ils sont déboutés.
« La semaine prochaine, le Gouvernement présentera des mesures qui répondront à trois exigences : une exigence de dignité pour que la France honore sa tradition d’accueil des réfugiés ; une exigence d’efficacité pour réduire les délais moyens d’instruction des demandes d’asile, de quatorze à six mois, et obtenir l’éloignement effectif des déboutés du droit d’asile ; une exigence de solidarité et de responsabilité. Avec nos partenaires européens, nous ferons aboutir la réforme du régime européen d’asile commun et mènerons une action en direction des pays d’origine et de transit.
« Il s’agit, comme je l’ai dit il y a quelques jours aux préfets que j’ai réunis avec le ministre de l’intérieur, de voir le monde tel qu’il est, sans renoncer à ce que nous sommes.
« Accueillir, oui, bien sûr. Aider, oui, évidemment. Subir, non, jamais ! »