Hier, dans mon discours, j’ai commencé par rendre hommage à de nouveaux députés qui, par leur parcours, ont remodelé le visage d’une partie de la représentation nationale. Je sais que, comme vous, ils auront à cœur de nouer un dialogue fructueux pour faire avancer le travail parlementaire et pour faire réussir la France.
Si je les mentionne de nouveau aujourd’hui, c’est que je m’adresse à une assemblée qui, durant vingt et un ans, a confié sa destinée au petit-fils d’un esclave. Elle l’a fait à une époque où les préjugés étaient encore plus rudes et encore plus injustes que de nos jours. Vos prédécesseurs n’ont pas choisi Gaston Monnerville pour ses origines, mais pour ses talents, lesquels n’auraient pu s’épanouir si la République ne les avait pas reconnus et encouragés.
C’est de cette République, de cette France de l’égalité des chances, que je veux vous parler aujourd’hui, une France qui, dans les moments les plus difficiles de son histoire, a toujours été capable d’étonnants sursauts.
Cette France s’est exprimée durant la campagne présidentielle. Elle a exprimé sa colère, mais elle a aussi exprimé son optimisme et sa volonté de rassemblement.
Avant-hier, devant le Parlement réuni en Congrès, le Président de la République nous a montré le cap : celui-ci est clair et sera tenu !
Les Français ont d’ailleurs, dans un souci de cohérence, donné au Président et au Gouvernement une majorité claire et incontestable au sein de l’Assemblée nationale.
J’ai eu l’occasion de le dire et le répète : je ne prends pas cette majorité pour un blanc-seing. Il est évident que, comme toutes les majorités, elle implique bien plus de devoirs que de droits. Parmi ces devoirs figure évidemment la nécessité de respecter les institutions démocratiques. J’y veillerai.
Mais la France doit avancer. Dans « notre cher et vieux pays », il existe une envie, une énergie, un espoir qui transcendent les courants politiques.
Le Gouvernement veut s’appuyer sur cette envie et cette énergie pour que la France retrouve confiance : j’ai eu l’occasion de le décliner hier, confiance en son action publique, confiance en sa justice, en sa sécurité sociale et en sa cohésion territoriale.
Je veux m’appuyer sur cette énergie pour que, collectivement, nous fassions preuve de courage : courage devant les menaces terroristes et tout ce qui peut menacer la sécurité des Français ; courage devant le défi migratoire pour être fidèles à nos idéaux comme à nos responsabilités ; courage aussi pour préparer l’avenir de nos enfants en refondant l’école, pour rénover notre modèle social – il en a besoin –, pour réduire la dette et la dépense publique – c’est indispensable.
Je veux m’appuyer sur cette énergie pour que la France redevienne conquérante, pour qu’elle redevienne une terre d’accueil des compétences, des entreprises, des investissements et des intelligences, pour qu’elle restaure la puissance de son agriculture, qu’elle saisisse la chance de la transition écologique et qu’elle assume pleinement sa vocation européenne et internationale.
Hier, j’ai indiqué la feuille de route du Gouvernement, son calendrier, sa méthode.
Je les résumerai en quelques mots-clefs : la collégialité, la sincérité, la recherche permanente de l’efficacité, et non de la popularité.
Hier, j’ai eu l’occasion de dire combien je pensais que l’exercice du pouvoir était avant tout un exercice de vérité. Mesdames, messieurs les sénateurs, il n’est pas impossible que, durant trop longtemps, notre pays ait pris la mauvaise habitude de s’arranger un peu avec la vérité. La Cour des comptes, avec ses mots, nous en a donné une triste illustration. J’y vois une des causes de la crise de confiance qui a secoué notre pays.
La vérité n’est pas bâtie dans l’antre des ministères et au sein des cabinets ministériels. Elle se construit et se constate parfois dans le respect et dans le dialogue avec les partenaires sociaux, avec les acteurs économiques, avec le monde associatif.
C’est pourquoi le Président de la République et moi-même avons voulu prendre le temps de la concertation, de la discussion, du dialogue avec les parties prenantes sur ceux des sujets qui structurent l’avenir du pays.
C’est le sens des États généraux de l’alimentation et de l’agriculture, des assises de l’outre-mer, des États généraux des comptes de la Nation et, j’y reviendrai, de la Conférence nationale des territoires.
Débattre d’un certain nombre de sujets à l’extérieur des assemblées avant de délibérer dans ces mêmes assemblées des actes législatifs censés mettre en œuvre les grands principes sur lesquels on s’est mis d’accord n’est pas une idée nouvelle.
Cette méthode a fait ses preuves. Beaucoup d’entre vous la connaissent, pour l’avoir pratiquée ici ou dans le cadre de l’action publique locale. Elle est efficace pour produire les normes et définir les règles qui seront acceptées de tous. Je veux donc associer des phases de discussion à l’extérieur des assemblées à d’intenses phases de délibération à l’intérieur de celles-ci.
(Murmures et sourires sur certaines travées.) Ce serait malvenu !