Intervention de Philippe Dallier

Réunion du 5 juillet 2017 à 16h30
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat

Photo de Philippe DallierPhilippe Dallier :

Vous ne l’avez pas fait davantage, monsieur le Premier ministre.

Pour le reste, les Français ont eu droit à une liste de promesses toutes plus sympathiques les unes que les autres, jusqu’à, cerise sur le gâteau, la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % d’entre eux, ce qui coûtera 10 milliards d’euros par an.

Sur l’équilibre de notre système de retraite, aucun besoin, disait Emmanuel Macron en campagne, de toucher à l’âge de départ à la retraite. On unifierait les différents régimes sans toucher au montant des pensions, et les conséquences de tout cela seraient reportées au-delà de cinq ans, soit après 2022, ce qui doit être une heureuse coïncidence de calendrier…

Seulement voilà, patatras ! Le Conseil d’orientation des retraites vient de le contredire, réaffirmant que, sans nouvelle réforme, la situation continuerait de se dégrader, ce qui reporte aux calendes grecques le règlement du problème.

La semaine dernière, la Cour des comptes a rendu son audit dénonçant un dérapage de 8 milliards à 9 milliards d’euros du budget 2017, rappelant combien la situation de nos comptes publics est dégradée, laissant la France à la remorque de quasiment tous les pays européens.

Monsieur le Premier ministre, vous nous avez surpris en feignant de piquer une colère et en vous exclamant : « Comment cela ? On nous avait donc caché des choses ? »

Ainsi, nous aurions un Président de la République et un Premier ministre qui découvriraient ce que tous les parlementaires savaient…

Vous pourrez raconter cela aux néophytes de l’Assemblée nationale, qui croiront peut-être que vous ne saviez pas, mais ceux qui ont un peu d’expérience, en particulier ici, savent ce qu’il en était.

Monsieur le Premier ministre, vous étiez pourtant, comme M. le ministre de l’économie et des finances, membre du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Or notre excellent collègue Gilles Carrez, alors président de la commission des finances, avait, à l’automne dernier, alerté sur l’insincérité du budget 2017. Je ne doute pas qu’à l’époque vous l’écoutiez avec attention.

Ici même, au Sénat, notre rapporteur général, Albéric de Montgolfier, avait fait de même et la majorité sénatoriale avait repoussé ce budget, refusant de l’examiner en séance – mais pas en commission –, car jamais nous n’avions vu budget aussi insincère.

Aujourd’hui, alors que la Cour des comptes ne fait que confirmer notre analyse – dans son rapport, Albéric de Montgolfier annonçait un déficit à 3, 2 % du PIB –, vous feignez de vous en étonner et vous sautez sur l’occasion pour justifier, déjà, le décalage de certaines baisses d’impôts et de charges.

N’y aurait-il pas là un peu de cynisme, un manque de respect envers les Français et la parole donnée ?

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