Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, parce qu’il n’y aura pas d’état de grâce, parce que le Gouvernement doit réussir, monsieur le Premier ministre, vous pouvez être assuré du soutien que vous apportera, aujourd’hui et demain, durablement, le nouveau groupe sénatorial La République en marche.
Vous me permettrez de saluer l’initiative du Président de la République pour son adresse solennelle dès le début de la législature à toute la représentation nationale et, à travers nous, à tous nos concitoyens de l’Hexagone et d’outre-mer – les outre-mer sont particulièrement bien représentés au sein de notre groupe, ce dont je me réjouis.
Le soutien actif des sénateurs de La République en marche répond à trois motifs essentiels.
En premier lieu, monsieur le Premier ministre, vous avez parfaitement dissipé l’ambiguïté que certains voyaient ou feignaient de voir dans la succession rapprochée de deux interventions capitales, celle du Président de la République lundi et la vôtre hier. On avait même parlé d’effacement du Premier ministre au profit du Président.
Il y avait dans cette critique un double paradoxe.
Elle était émise par ceux qui se réclament volontiers du général de Gaulle et des institutions qu’il a données à notre pays. Or les deux têtes de l’exécutif ont donné une lecture parfaite de la Constitution, de sa lettre et plus encore de son esprit.
Il appartient au Président de fixer le cap, de proposer un horizon ; et il est de la compétence du Premier ministre de définir la politique à mettre en œuvre par le Gouvernement pour assumer cette ambition. C’est le partage des tâches auquel les Français sont légitimement attachés, et vous l’appliquez très exactement.
L’autre partie du paradoxe, nouveau reproche par anticipation adressé au Président, repose sur une accusation à l’égard d’un discours-programme très détaillé et concret qui entrerait dans votre compétence et non dans la sienne.
Sans trop de souci de cohérence, les mêmes ont adressé au Président, dès lundi soir, un reproche systématiquement inverse : il nous aurait livré une allocution trop vague, trop générale, trop « philosophique » – j’ai découvert, à cette occasion, que l’adjectif « philosophique » serait devenu péjoratif… Le Président Macron nous a en effet livré sa vision de la politique, une vision très élevée, exigeante, qui constitue bien une véritable philosophie du pouvoir.
Je répondrai à ces détracteurs systématiques que, philosophie pour philosophie, ils auraient dû relire, comme le Président l’a fait, Héraclite d’Éphèse, qui disait : « On n’entre jamais deux fois dans le même fleuve. »
Eh bien, mes chers collègues, on n’entend jamais deux fois le même discours.
Le vôtre, monsieur le Premier ministre, était dense, précis, concret et courageux ; c’est notre deuxième motif de soutien.
Je n’entrerai pas dans le détail de votre programme décliné hier : nous y avons retrouvé l’ensemble des promesses qui ont été émises par le Président de la République lors de la campagne pour l’élection présidentielle. Vous vous engagez à les tenir, vous avez montré le cap, exprimé la vérité en vue d’obtenir des résultats concrets et rapides dans les domaines de la sécurité, de l’économie, de la santé, de l’éducation, du logement, de la transition écologique ou encore de l’aide aux plus démunis.
Oui, c’est un fait politique nouveau : le Gouvernement tiendra les engagements qu’il a pris. Nous vous accompagnerons, même quand il faudra rechercher l’adhésion du pays dans la réalisation du programme, courageux et indispensable, de réduction de la dépense publique et du déficit que vous avez annoncé.
En troisième lieu, nous avons apprécié dans vos propos le rappel des grands principes de la méritocratie républicaine à propos de l’école, de l’université, de la formation professionnelle, de l’aide à la création d’entreprise.
Vous préférez le principe de justice à celui, théorique, de l’égalité, car ce mot est source de malentendu. Nous voulons l’égalité des droits et des chances quand d’autres rêvent de l’égalité des situations, qui est toujours hélas ! synonyme de nivellement par le bas.
Nous sommes, au sens propre, d’une autre école. Aidés par les meilleurs élèves, nos maîtres tendaient la main aux plus faibles, aux moins favorisés pour les faire aller plus vite et plus haut. Telle est notre vision de l’avenir de ce pays. Nous voulons libérer toutes les initiatives et les projets de ceux, innombrables, dont les entreprises illustrent le génie particulier de ce pays. Et dans le même temps, la responsabilité des pouvoirs publics, de l’État, mais aussi des collectivités territoriales et de l’Europe sera de garantir aux autres l’égalité des chances. Nous voulons une société qui libère et qui protège.
Nous venons de vivre deux de ces grandes journées qui honorent une nation lorsqu’elle décide de ressembler au meilleur d’elle-même. Il est des révolutions – et ce sont les plus admirables – qui s’opèrent sans violence, simplement parce que la volonté des hommes libres s’oppose à la fatalité. D’autres avaient cru entendre un simple slogan, mais nous le voyons aujourd’hui : notre République est véritablement en marche.
L’exigence de nos concitoyens nous oblige, Gouvernement et Parlement, au volontarisme comme à la réussite. Nous, députés et sénateurs de La République en marche, devons être à la hauteur de ce moment.
Il est l’heure, mes chers collègues, de transformer notre République, de la moderniser, de la refonder, de lui donner un horizon, de bâtir une France nouvelle. Les Français doivent retrouver fierté et confiance. Le Président a défini un projet ambitieux pour notre nation. Nous sommes prêts et déterminés.
Déterminés à agir pour le vivre ensemble et l’intégration, la cohésion nationale. L’éducation et la culture sont au cœur de notre projet de société tout comme la laïcité, qui ne saurait plus longtemps être galvaudée pour être tantôt bouc émissaire, tantôt stigmatisation. La laïcité est le ciment de notre démocratie et la protéger est notre dessein.
Déterminés à lutter contre le chômage de masse, à former les plus éloignés de l’emploi, à moderniser et à simplifier le droit, à réformer l’assurance chômage pour en faire un droit universel, à améliorer le pouvoir d’achat de chacun.
Déterminés à moderniser notre économie grâce à une stratégie d’investissement ambitieuse dans tous les territoires urbains, certes, mais également ruraux. J’y tiens tout particulièrement.
Les territoires ultramarins ne devront pas être oubliés – vous les avez d’ailleurs cités, monsieur le Premier ministre. Pour ce faire, la France devra proposer un projet d’émancipation réelle des outre-mer, tout en reconnaissant leur légitimité à avoir des règles adaptées à leurs réalités locales, notamment un taux de chômage nettement supérieur à la moyenne nationale, en particulier chez les jeunes, et un coût de la vie plus élevé. Ils veulent l’équité pour pouvoir réussir là où ils sont dans la République.
Déterminés à mettre en œuvre un modèle de croissance réconciliant transition écologique, industrie du futur et agriculture de demain.
Déterminés à garantir la sécurité de nos concitoyens, à restaurer partout l’autorité de l’État, à affronter le terrorisme.
Déterminés à repenser notre démocratie, à développer la participation citoyenne, à garantir la respectabilité de nos élus.
Déterminés à défendre les intérêts de la France et à relancer le projet européen, celui d’une Europe qui protège et qui investit.
Ces chantiers sont nombreux pour bâtir cette France que nous appelons de nos vœux. Mais nous sommes des millions à vouloir la construire, pour donner des perspectives aux enfants de la France, la France des Lumières et des droits de l’homme.
Si nous soutenons sans réserve, monsieur le Premier ministre, votre gouvernement dans son action, c’est parce que les Français attendent qu’il réussisse et que la France fasse honneur à son histoire.