Pour rendre au pays l’espoir auquel il aspire, pour inventer un nouvel avenir social, productif et écologique, il ne faut pas, comme vous l’avez dit hier, désintoxiquer le pays de la dépense publique. Sous le quinquennat précédent, l’investissement public a chuté de 25 %, et pour quel résultat ?
En réalité, il faut désintoxiquer le pays de la finance, de la prédation des richesses communes par les exigences d’une rentabilité financière à courte vue.
Vous ne dites rien de l’évasion fiscale, qui coûte 80 milliards d’euros par an au pays, rien de la résolution votée sur notre initiative par l’Assemblée nationale pour une COP fiscale mondiale, rien de l’explosion des 500 premières fortunes professionnelles françaises, rien du rôle défaillant des banques et de leurs critères de crédit. Et vous parlez de moraliser la vie publique ! Mais l’indécence de l’argent crève les yeux, et c’est à elle qu’il faut s’attaquer.
Bien au contraire, vous proposez d’en rajouter, toujours prétendument au nom de l’emploi : allégement de l’impôt de solidarité sur la fortune, baisse de l’impôt sur les sociétés, transformation du CICE en baisse de cotisations patronales pérennes. Quant aux salariés et aux retraités, ils devraient, à l’inverse, subir les transferts des cotisations sociales vers une hausse massive de la CSG et le gel du point d’indice des fonctionnaires.
Le Président de la République et vous-même parlez de « ceux qui ne sont rien », de « ceux qui sont installés », de ceux qui ne devraient pas se résoudre à être des assistés. Mais savez-vous vraiment de qui vous parlez ?
Au total, neuf millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté à cause du chômage et de la précarité engendrée par le modèle économique actuel, que vous défendez.
Plutôt que de casser le code du travail, nous vous demandons d’inscrire à l’ordre du jour du Parlement notre proposition de loi pour une sécurité de l’emploi et de la formation.
De plus, nous vous demandons la convocation de deux grandes conférences sociales relatives, l’une, au relèvement des salaires et des qualifications, l’autre, à la lutte contre l’exclusion et la grande pauvreté, demandées par toutes les associations qui se consacrent à ces questions, pour définir des plans d’action cohérents et pluriannuels.
Oui, dans ce pays, on ne doit plus travailler pour un salaire de misère, on ne doit plus être expulsé de son logement parce qu’on ne parvient plus à le payer.
Dans votre discours d’hier, vous avez fustigé les aides au logement. Mais le pays manque cruellement d’aides à la construction de logements sociaux et accessibles à tous. Il manque cruellement de fonds publics dédiés à la rénovation thermique de l’habitat.
Attaquez-vous plutôt au détournement massif des fonds publics vers la promotion immobilière spéculative.
Monsieur le Premier ministre, pour répondre à l’espoir du pays, il faudrait également être audacieux en matière d’égalité.
Le temps est venu de nouveaux droits.
La France rend aujourd’hui hommage à Simone Veil. Soyons à la hauteur de l’audace qui fut la sienne et, quarante ans après la loi qui porte son nom, franchissons une nouvelle étape. Nous proposons qu’à la faveur de la réforme constitutionnelle qui s’annonce le droit à l’interruption volontaire de grossesse soit désormais inscrit dans notre Constitution.