On peut dire que certains sont plus responsables que d’autres : peut-être. Cela étant, depuis 1974 – j’indique que je suis né en 1970 –, aucun gouvernement n’a voté un budget à l’équilibre. La France a connu des gouvernements de droite : ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient. La France a connu des gouvernements de gauche : ils ont probablement fait du mieux qu’ils pouvaient.
Il n’empêche que nous nous retrouvons dans la situation dans laquelle nous sommes, avec une dette publique qui s’est établie à 2 147 milliards d’euros à la fin de l’année 2016 et qui atteint probablement 2 200 milliards d’euros aujourd'hui, et des dépenses non financées à hauteur de 8 milliards d’euros pour l’année 2017.
J’observe, pour être parfaitement précis, que la Cour des comptes dit non pas que le déficit de l’année 2017 sera de 3, 2 % du PIB, mais qu’il s’établira à ce niveau si nous prenons des mesures énergiques, ce qui signifie qu’il est en réalité au-dessus de 3, 2 %.
On constate effectivement des dérapages, y compris au regard des prévisions les plus pessimistes qui avaient été formulées, notamment dans cette assemblée. J’insiste sur ce point, car la formulation choisie par la Cour des comptes n’est pas neutre : elle souligne la gravité de la situation.
Il y a, je le répète, 8 milliards d’euros de dépenses non financées.
À tout cela, j’ajoute le rapport du Conseil d’orientation des retraites. Je ne le mets pas en cause, mais je constate : alors que l’année dernière le COR fondait ses analyses sur des hypothèses qui lui permettaient de prévoir un retour à l’équilibre du système des retraites en 2025, ce même COR change ses hypothèses et estime depuis peu qu’en vérité le retour à l’équilibre doit plutôt être regardé comme pouvant être atteint en 2040…
Il y a une différence. On peut sans doute l’analyser et discuter du changement des hypothèses qui conduit à ce décalage de quinze ans. Enfin, cette différence, je la constate, et je me sens tenu d’apporter des réponses.
Nous ne faisons pas de collectif budgétaire. Nous indiquons que nous allons tenir, dès 2017, l’objectif de 3 %. Pourquoi 3 % ? Parce que c’est un engagement qui a été souscrit par la France – ni par la droite ni par la gauche, mais par la France.
Cet engagement a été pris depuis longtemps et, depuis longtemps, il n’est pas tenu, pour des raisons qui peuvent s’expliquer et qui peuvent même se justifier à certains égards.
Mais reconnaissons là aussi, tranquillement – entre nous, si j’ose dire –, que tous les pays confrontés aux mêmes difficultés que nous ont fait les efforts nécessaires pour revenir sous le seuil qu’ils avaient librement accepté de respecter vis-à-vis de leurs partenaires. Nous sommes les derniers, et ce n’est pas satisfaisant, non pas parce que l’hydre bruxelloise nous imposerait sa loi, mais parce que nous n’avons pas respecté les engagements que nous avons pris.
Chacun, dans cet hémicycle, voit bien les problèmes découlant du fait qu’un pays comme le nôtre ne tienne pas ses engagements et charge les générations à venir, nos enfants et nos petits-enfants, de la responsabilité de rembourser les dettes, c'est-à-dire ce que nous ne voulons pas payer pour nous-mêmes.
Nous avons donc décidé de respecter le seuil de 3 %, et nous avons décidé de le faire sans collectif budgétaire pour une raison simple : si nous avions ouvert un collectif budgétaire, nous aurions réglé le problème en augmentant les impôts. Je le dis non pas parce que je suis plus malin que les autres, mais tout simplement parce que c’est ce qui s’est toujours passé. Il est en effet plus facile de diminuer un déficit par une augmentation d’impôts, que l’on trouve toujours les moyens de justifier, que par une réduction des dépenses.
Pour 2017, nous nous sommes donné comme objectif de ne pas augmenter les impôts et de contenir le déficit en réduisant les dépenses. C’est un objectif ambitieux, mesdames, messieurs les sénateurs, mais nous allons l’atteindre !