Intervention de Pierre Cuypers

Commission des affaires économiques — Réunion du 12 juillet 2017 à 9h30
Proposition de résolution européenne sur le paquet « énergie » — Communication

Photo de Pierre CuypersPierre Cuypers :

Je souhaiterais réaffirmer quelques principes sur les biocarburants. Si les biocarburants ont été, depuis leur création, un sujet de polémiques, c'est peut-être parce que certains en ont fait leur fonds de commerce en ne voulant pas admettre que, demain, l'énergie proviendrait d'un « bouquet énergétique » - expression chère à Nicole Fontaine - composé de sources diverses. Je veux bien que l'on supprime, comme le souhaite Nicolas Hulot, l'essence et le gazole et que l'on ferme des centrales nucléaires mais il faudra alors m'expliquer comment nous nous déplacerons et quelles seront les conséquences pour la vie économique et pour l'emploi... Je rappellerai que la première directive européenne sur le sujet avait fixé un objectif de 10 % d'énergies renouvelables liquides en 2020 ; depuis, cet objectif n'a cessé d'être raboté jusqu'à viser désormais les 3,8 % de biocarburants de première génération en 2030. Or, une telle réduction serait catastrophique pour l'ensemble des filières !

Nous n'avons pas encore exploité tout le potentiel des biocarburants de première génération. Quant à la deuxième génération, elle n'est en aucun cas prête, ni sur le plan économique ni sur le plan technique. Ne pas aller au bout de la première génération, dont je rappelle qu'elle a permis de créer plus de 280 000 emplois en France et a généré des synergies économiques formidables, serait prendre un risque majeur ! J'ajoute qu'il n'y a absolument pas de concurrence avec les usages alimentaires car une partie seulement de la plante - le liquide dans le cas des oléagineux - est utilisée à des fins énergétiques quand l'autre, les protéines, nous est indispensable pour l'alimentation animale et nous permet de moins recourir aux importations. Du reste, il est préférable, plutôt que d'importer du soja, que ce soja concoure à l'alimentation animale ou humaine dans sa région de production, par exemple en Afrique subsaharienne ou ailleurs. Il n'y a donc pas concurrence mais bien au contraire complémentarité, sans compter toute la valeur ajoutée des biocarburants pour l'industrie chimique. Nous avons là des ressources formidables ! Sortons de la préhistoire et allons de l'avant !

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