Intervention de Jean-Pierre Raffarin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 5 juillet 2017 à 18h35
Audition de Mme Florence Parly ministre des armées

Photo de Jean-Pierre RaffarinJean-Pierre Raffarin, président :

Au nom de la commission, je vous souhaite, madame la ministre, la bienvenue, et vous remercie de vous être rendue disponible moins de deux semaines après votre nomination au gouvernement.

Vous prenez vos fonctions dans une période particulièrement tendue, alors que la menace est puissante, inquiétante, et toujours innovante, et crée donc des besoins importants pour la défense nationale. Il faut en effet assurer, à la fois, le rattrapage des moyens humains et de l'équipement conventionnel qu'impose la densité de notre activité sur les différents théâtres. A quoi s'ajoutent le défi majeur de la dissuasion nucléaire et la nécessité de trouver de nouvelles ressources pour les exigences nouvelles du renseignement et de la cyberdéfense.

Nous avons accueilli votre nomination avec intérêt, conscients que votre expérience en matière budgétaire sera utile au ministère et à nos forces armées, qui ont besoin de capacités à la hauteur de leurs missions. Dans le rapport 2 % du PIB pour la défense qu'avec Daniel Reiner j'ai cosigné, nous avons rassemblé ce que j'appellerai la « sédimentation réflexive » de notre commission, fruit d'un travail engagé depuis plusieurs années avec le souci de nous attacher, au-delà des seules considérations tactiques, aux enjeux véritablement stratégiques, dans une éthique de responsabilité. Parmi ces réflexions, que nous avons présentées à votre prédécesseur et au Président de la République, certaines ont été entendues, mais il nous reste, sur d'autres, des interrogations.

Le gouvernement nous a entendus en engageant une revue stratégique, dont le pilotage a été confié à M. Arnaud Danjean, et qui peut être menée à bref délai, sans qu'il soit besoin de la faire précéder d'un Livre blanc. Quelle sera cependant la place des parlementaires dans cette réflexion, à laquelle ils souhaitent être associés ?

Nous aurions souhaité que la nouvelle loi de programmation militaire que nous appelons de nos voeux soit adoptée dès la fin de l'année 2017, pour construire sur l'ensemble du quinquennat. Elle ne le sera vraisemblablement qu'en 2018. Comment, dès lors, se présentera la première marche que doit être le budget pour 2018, sachant que compte tenu de la situation, des besoins conventionnels et en faveur de la vie quotidienne des soldats, l'effort à faire est considérable. Pour atteindre l'objectif de 2 % du PIB à l'horizon 2025, la marche annuelle devrait être de deux milliards. Au regard des déclarations du Premier ministre que nous venons d'entendre dans l'hémicycle, nous sommes inquiets.

Cet objectif des 2 %, auquel s'était initialement engagé le Président de la République « hors pensions et surcoût des Opex », a au moins la vertu de mobiliser les esprits sur les besoins. Quel périmètre visez-vous aujourd'hui, et quel calendrier retenez-vous pour atteindre cette cible ?

Vous savez, enfin, que nous sommes réservés sur la proposition de nouveau service national. Lorsqu'il l'a évoquée, hier, le Premier ministre n'a prononcé ni le terme de militaire ni celui d'obligatoire. Cette proposition, si elle répond sans doute à une question de société, ne répond pas à un besoin de la défense. Nous comprenons qu'on vienne chercher dans les méthodes de l'armée une réponse à certains besoins de la société, mais est-ce bien au budget de l'armée de le supporter ? C'est une question qui n'est pas anodine compte tenu des besoins à cinq ans, sachant que la première partie du quinquennat se concentrera sur les forces conventionnelles, la dissuasion nucléaire étant renvoyée à sa deuxième partie, pour ne pas mobiliser trop tôt les ressources.

Comment voyez-vous, enfin, la coopération avec la secrétaire d'Etat placée auprès de vous, pour construire une méthode de travail ? Nous nous félicitons de la manière dont nous avons travaillé avec votre prédécesseur. Nous avons apprécié sa disponibilité, en échange de laquelle il a pu compter sur notre discrétion. Soyez assurée que nous en agirons de même avec vous, afin de nouer un dialogue très libre et très confiant.

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